Quantcast
Channel:
Viewing all 950 articles
Browse latest View live

Papiers Nickelés n°41

$
0
0
Papiers Nickelés n°41

Dans ce numéro de PN, on se passionnera pour l'article de Corinne Taunay intitulé "Le Mur, un « journal paroi » au Cabaret des Quat’Z’Arts". L'auteure évoque une expérience satirique dessinée tout à fait originale, un journal mural renouvelé avec régularité, les dessinateurs amis du Cabaret étant invités à commenter l'actualité politique ou montmartroise sur un mur composé de feuilles de papier, et donc régulièrement rafraichit. Un journal "vivant", insolite, composite, constitué de dessins ou d'écrits originaux et accessible aux seuls client du Cabaret. Aux antipodes de la "grande" presse satirique imprimée... La fin du XIXe siècle fourmille d'expériences satiriques théâtrales, littéraires, musicales, dessinées ou artistiques. Le "Mur" s'inscrit dans cette incroyable dynamique.

Au sommaire :

Le “Hortus deliciarum” de Herrade de Hohenbourg, par Yves Frémion

Bellus dessinateur du Rire, par Richard Combes

Brèves, par Théophraste Épistotier et Yves Frémion

J’ai la flemme : Siné

Compléments, par Dominique Petitfaux

“KM 357” de Jean Graton, une BD coloniale ?, par Pierre Chevrier

Photocopains : L’eau ferrugineuse de Forton

Naissance du « 9e art », les premiers clubs de bande dessinée, par Maxime Delaye

Suzanne Ballivet, le clin d’œil d’un Parisien nostalgique, par Richard Combes

Dr. Justice

« Si vous savez écrire, vous savez dessiner… » L’école ABC, par Antonin Erwan

Maurice Henry et le Petit Journal, par Jacques Baudou

Frank E. Schoonhover, l’âge d’or de l’illustration américaine, par Yves Frémion

Images à mâcher, par Franck Tempereau

Trouvailles, par Richard Combes et Dean Corso

12 bulles dans la peau !

Le Mur, un « journal paroi » au Cabaret des Quat’Z’Arts, par Corinne Taunay

The Cartoonist, mine d’or du dessin de presse

Jeu

Zondi

Adolphe Willette et le Pied de nez, par Laurent Bihl

Mauvaises mines


Festival du dessin d'humour à Labouheyre (5 et 6 juillet 2014)

$
0
0
Festival du dessin d'humour à Labouheyre (5 et 6 juillet 2014)

En présence de Ernst, Biz, Moine, Lasserpe, Goulesque, Relom, Isa, Lerouge, Widenlocher et Jiho

Festival du dessin d'humour à Labouheyre (5 et 6 juillet 2014)
Festival du dessin d'humour à Labouheyre (5 et 6 juillet 2014)

Un dessin censuré par Decaux

$
0
0
Un dessin censuré par Decaux

D'après le dessinateur Damien Glez, l'image ci-jointe a été censurée par l'afficheur Decaux qui a retiré sur la photo le visage de George Bush...

"On reproche surtout aux peintres cubistes de réduire les volumes à des formes géométriques simples, à des « cubes »", entretien avec Jeanne-Bathilde Lacourt, commissaire de l'exposition "BROUILLON KUB"

$
0
0
"On reproche surtout aux peintres cubistes de réduire les volumes à des formes géométriques simples, à des « cubes »", entretien avec Jeanne-Bathilde Lacourt, commissaire de l'exposition "BROUILLON KUB"

A l'occasion de l'exposition Brouillon Kub présentée au Lam de Villeneuve d'Ascq, entretien avec Jeanne-Bathilde Lacourt :

Après le réalisme et l’impressionnisme, aucun autre mouvement artistique n’a été autant moqué par le dessin de presse que le cubisme, pourquoi ?
Il y a sans doute plusieurs raisons à cela. La première étant peut-être que le cubisme est un mode de représentation extrêmement déconcertant à l’époque. En représentant les objets sous plusieurs points de vue différents, il remet en cause le principe de la perspective linéaire qui domine la peinture depuis la Renaissance. Ceci n’étant cependant pas toujours compris comme cela dans la presse : ce que l’on reproche surtout aux peintres cubistes, c’est de réduire les volumes à des formes géométriques simples, à des « cubes ». Toujours est-il que le public et une grande frange de la critique ne sont pas armés pour « lire » ces images qui ne sont d’ailleurs pas toujours très bien imitées dans la presse.
Une autre raison pourrait être du fait des artistes eux-mêmes, du moins certains d’entre eux, qui se jettent délibérément sur la place publique. La salle 41 du Salon des Indépendants de 1911 en est un exemple. Plusieurs artistes y ont fait des pieds et des mains pour être réunis dans la même salle et se rendre ainsi plus visibles. Deux d’entre eux, Albert Gleizes et Jean Metzinger, publient le premier livre théorique sur le mouvement en 1912, suivis par Guillaume Apollinaire en 1913. Cela indique que le mouvement se revendique comme tel, ce qui n’était pas forcément le cas des tendances du tout début du siècle, en particulier du fauvisme qui avait aussi fait scandale en son temps.
Ceci dit, les peintres cubistes et les peintres fauves sont souvent associés dans la presse satirique. Une claire imitation de peinture cubiste peut être présentée comme une œuvre « fauve ». Cela est sans doute dû aux jeux de mots que permet le terme « fauve », et à l’agressivité supposée envers le public qu’il implique. Sachant que le mot « cube » autorise aussi beaucoup de bons mots, dont certains deviennent de véritables poncifs (le cubiste « rond » suite à l’abus d’alcool, sa fascination pour le bouillon KUB, le maître/mètre cube… et sa tendance à montrer son « cube » à tous les passants.)

Contrairement au Réalisme avec Courbet ou à l’Impressionnisme avec Monet, les dessinateurs n’ont pas cherché à personnifier leur cible, s’en tenant à brocarder le cubisme en général et non leurs inventeurs…
Il est vrai que peu de noms d’artistes sont cités dans les dessins de presse. De manière générale, les « comptes-rendus » de salons sont moins précis qu’auparavant, cela est vrai aussi pour les autres tendances du début du siècle (fauvisme, futurisme...) Les noms de Braque et Picasso apparaissent cependant parfois, notamment dans un dessin de Louis Marcoussis publié en 1912 dans La Vie parisienne où ils s’épellent « Brak » et « Pikasso ». C’est intéressant parce que cela souligne l’importance de ces deux peintres dans l’histoire du mouvement, alors qu’ils n’exposent plus aux Salons et sont très peu visibles. Cela s’explique par le fait que Marcoussis, qui signe cette caricature de son vrai nom Markous, est lui-même un peintre cubiste qui connaît bien les arcanes du mouvement.

Pendant la guerre de 14-18, le cubisme bien que d’invention hexagonale est systématiquement associé à l’Allemagne, donc à l’adversaire. Pourquoi ?
C’est totalement irrationnel, mais explicable par une certaine tendance, quand le contexte politique s’y prête, à associer ce qui est étrange à ce qui est étranger. D’un point de vue factuel, c’est vrai qu’aucun des peintres cubistes parisiens n’est d’origine allemande, mais ils sont défendus par deux collectionneurs et marchands d’art allemands, Daniel-Henry Kahnweiler et Wilhelm Uhde. Parmi les artistes, beaucoup sont des peintres d’origine étrangère attirés par le dynamisme artistique de la capitale. Ce cosmopolitisme devient suspect après la déclaration de guerre, où la presse de propagande prétend opposer la grandeur de la France à tout ce qui vient de l’extérieur. D’une façon un peu absurde, le cubisme est vu comme une émanation de la Kultur allemande, qui s’écrit avec un K. Rapidement, le Kubisme s’écrit avec un K aussi et menace la réputation de clarté et de pureté de la peinture française académique. Alors qu’historiquement, le cubisme est né à Paris avant d’être diffusé en Allemagne par le biais des collectionneurs, des artistes et des publications spécialisées.

Globalement, le dessin de presse jusque dans les années1930 a été plutôt hostile à toute nouveauté en art. Les dessinateurs, marchant dans les pas « réalistes » de Daumier mais aspirant tout de même à faire une carrière artistique, vengeraient-ils leur incapacité à égaler ces peintres novateurs ?
Il m’est difficile de percer la psychologie des dessinateurs de presse… Peut-être y a-t-il en effet une forme de jalousie, mais aussi une certaine adaptation au support et à sa tonalité. Si je ne m’abuse, l’innovation n’est, de manière générale, pas forcément soutenue par des titres comme Le Rire ou Le Journal amusant. C’est encore plus flagrant dans les revues de propagande du type de La Baïonnette. Même Louis Marcoussis, pourtant lui-même peintre cubiste, se moque – certes plus gentiment que d’autres – de ses co-disciples. Mais il est vrai que certaines personnalités, comme Lucien Métivet, semblent s’acharner tout particulièrement contre les peintres cubistes, s’attaquant notamment à leur recherche constante de nouveauté.

Comment les cubistes ou leurs soutiens ont-ils réagis à ces attaques ?
Avant-guerre, essentiellement par l’indifférence. Braque, Picasso et Kahnweiler, en particulier, se tenaient délibérément à distance des évènements publics et de leurs échos dans la presse. Pendant la guerre, les réactions sont variables. La plupart des artistes restés à l’arrière, particulièrement les artistes étrangers comme Picasso ou Juan Gris, font profil bas pendant un moment. Ils tempèrent leur cubisme ou renouent avec des modèles plus latins, comme l’Antiquité romaine ou le néoclassicisme. Quelques revues spécialisées, comme L’Élan fondé par Amédée Ozenfant, prennent timidement la défense des artistes cubistes en publiant entre autres des dessins envoyés par les artistes au combat. Car ce qui ressort de ces dessins réalisés sur le front est que le cubisme convenait particulièrement bien pour représenter le choc des tranchées.

Exposer des dessins de presse dans un musée d’art moderne, c’est possible uniquement parce que les dessins en question visent un mouvement artistique majeur du XXe siècle ?
C’est possible parce qu’ils présentent un lien avec nos collections, qui ne se limitent d’ailleurs pas à l’art moderne. En l’occurrence, ils sont présentés comme un moyen de comprendre la réception, à l’époque, des œuvres que nous présentons aujourd’hui dans un contexte tout à fait différent. De manière générale, nos expositions explorent toujours des thématiques en lien, d’une manière ou d’une autre, avec les collections permanentes. Nous pourrions par exemple envisager une exposition de dessins de presse réalisés par les artistes que nous exposons, puisque certains d’entre eux ont débuté leur carrière ainsi…

Propos recueillis par Guillaume Doizy, juillet 2014

Expo Faujour

$
0
0
Expo Faujour

Expo Faujour à Alise Sainte Reine (Haute Côte d'Or).

DESSIN DE PRESSE : AGONIE OU REMISSION ? par Elisabeth Segard

$
0
0
DESSIN DE PRESSE : AGONIE OU REMISSION ? par Elisabeth Segard

C’est un tout petit coup de gomme qui a fait couler beaucoup d’encre. Le 6 mai 2014, sur le croquis quotidien de Plantu, la direction du Monde efface le minuscule François Hollande qui copulait avec Marianne. Si l’affaire a fait du bruit, c’est parce que Plantu est l’un des rares dessinateurs encore publié en première page. Le dessin de presse éditorial a quitté la une de L’Equipe, du Figaro, de La Croix... Le dessinateur de presse serait-il une espèce en voie de disparition ? « Nous sommes un peu la cinquième roue du carrosse, avoue Aurel, dessinateur pour Le Monde et Politis. Même si je fais partie du corpus journalistique des médias pour lesquels je travaille, je suis rattaché à la direction artistique. Et c’est très symbolique. »
Le dessinateur n’est pas un artiste échevelé qui suçote son crayon en levant les yeux au ciel entre deux fulgurances inspirées. Ils lisent (beaucoup), écoutent la radio, se docu- mentent. Avant l’arrivée de Google images, ils se plongeaient dans des encyclopédies illustrées pour représenter au mieux une maison mexicaine, un sous-marin ou le drapeau d’Haïti. Ils dessinent quotidiennement, parfois à un rythme soutenu, souvent dans l’urgence. « En presse quotidienne, c’est du flux tendu. On travaille le soir et jusque tard dans la nuit. Quand je dessinais pour La Charente libre, j’avais 1 ou 2 heures pour boucler un dessin », se rappelle Ascensi.
Ces équilibristes de l’actualité sont une centaine en France et ils défendent le dessin éditorial comme un traitement journalistique à part entière. Le Prix Pulitzer, dédié aux œuvres journalistiques depuis 1922, récompense chaque année un dessin de presse et le prix RFI-RSF-OIF l’inclut dans ses catégories. Lors de la création de la carte de presse en 1935, 7 à 8 % des détenteurs étaient des reporters-dessinateurs. Ils ne sont plus qu’une cinquantaine inscrits en 2005.
Jean-Marie Charon, sociologue spécialisé dans l’étude des médias, souligne une évolution en partie naturelle. Le dessin serait victime du progrès technique. L’arrivée de la photographie, entre les deux guerres, a permis le dévelop- pement des périodiques. Elle s’est peu à peu glissée dans la presse quotidienne. Le reporter-dessinateur, qui illustrait les éditoriaux politiques mais aussi les critiques de théâtre, les débats parlementaires et la quasi totalité des articles, a cédé sa place au reporter-photographe. La photographie apparaît plus factuelle et rassure les rédacteurs en chef. Quelques voix discordantes s’élèvent encore contre cette hégémonie. Natalie Thieriez, la directrice artistique de l’hebdomadaire Le 1, estime que le dessin de presse est presque plus honnête qu’une photo : « Il n’y a pas de doute que c’est un point de vue, clairement assumé. »
Le dessinateur apporte un autre regard, percutant et synthétique, sur l’actualité. Tous les dessinateurs interrogés le revendiquent : le dessin permet d’aborder des sujets graves sans être frontal. Leur subjectivité assumée, leur humour, offrent aux lecteurs une prise de recul bénéfique. Parce qu’il est lié à l’actualité, politique, sociale ou culturelle, le dessin éditorial est une forme d’écriture journalistique, basée sur le visuel. « C’est d’ailleurs une erreur de sous-estimer l’importance du visuel dans la presse, rappelle Jean-Marie Charon. Un directeur artistique, par ses choix iconogra- phiques et la place qu’il accorde à une information, a autant, si ce n’est plus, d’impact sur l’esprit du lecteur que l’article lui-même. »
Le dessin ne fait pas vendre
Dessinateur invité du site lefigaro.fr, Olivier Ménégol a eu énormément de difficultés à convaincre les journalistes d’utiliser, de temps à autre, un dessin au lieu d’une reprise de dépêche AFP. « Un dessin peut être fédérateur et faire réfléchir, ou être une pause souriante dans une actualité de plus en plus sordide. Les journalistes ont du mal à lâcher ce fil de morts, d’actu frénétique. Ils me disaient : « Il a 24 heures, ton dessin, c’est foutu. » Si on ne peut plus rire d’un sujet au-delà d’une journée, c’est triste.»
Raymond Bourgine, le fondateur de Valeurs Actuelles, affirmait déjà à son dessinateur, Pinatel, que les dessins n’apportaient rien à un journal. Et comme le caricaturiste s’en effarait et citait Sempé, il appuya : « Non, Sempé n’apporte rien à L’Express. » Idem pour Cardon qui entendit un jour, dans les couloirs du Canard Enchaîné : « Cardon ? Il ne fait pas vendre. » Vendre... le mot est lâché. Si les fans du dessin conservent religieusement les Unes du New Yorker ou le numéro spécial du Monde consacré aux 40 ans de Plantu, tous les lecteurs ne manifestent pas la même piété. « Le directeur artistique de Libération a avoué, un peu désolé, que lorsque Willhem dessine la Une, les ventes baissent » se souvient Guillaume Doizy, spécialiste de la caricature. Elle est bien loin, l’époque bénie où le magnat de la presse Marcel Dassault se réjouissait de publier Jacques Faizant, Kiraz, Coq et Vigno. Son fils Serge, moins esthète, n’a toujours pas remplacé Faizant dans les colonnes du Figaro.
L’humour a changé de forme
Sans doute parce qu’il s’est glissé dans les rédactions, avec un traitement plus « relâché » de l’information, l’humour a changé de forme. L’image mobile a remplacé l’image fixe et s’impose partout, jusqu’aux photos, animées artificiellement et transformées en gif. Christian Delporte, historien de l’image, est très clair : « Le dessin de presse pour le jeune internaute, c’est comme un film muet en noir et blanc.» Étrange et pas drôle.
Le dessin de presse est toujours présent, il a même le vent en poupe mais sous sa forme illustrative. A l’heure où les rédactions courent après le temps et l’argent, le dessin de presse a bien des atouts : il est moins cher à produire qu’une photo, se plie totalement à la volonté de la direction artistique pour créer une iconographie sur mesure. Si vous voulez représenter une mannequin sous un palmier, pas besoin de les faire venir en studio. Pour le prix du décor, du modèle et des retouches, vous avez une centaine de dessins de presse. Et un seul interlocuteur : le dessinateur. On le voit revenir dans Influencia, Madame Figaro. Le nouveau magazine féminin Stylist est même exclusivement illustré de dessins.
«Une bonne caricature, c’est une charge»
Le dessin est tendance mais le dessin satirique, lui, s’efface doucement. Guillaume Doizy estime que la dépolitisation de la vie publique est l’une de ses fossoyeuses. « A la fin du dix- neuvième siècle et jusqu’aux années 1970, on se castagnait beaucoup plus en politique. Des millions de gens croyaient pouvoir changer le monde grâce à leurs idées. Aujourd’hui, on s’étripe sur la couleur de la cravate du Président mais
ça ne va pas plus loin. La politique est devenu de la soupe. » Et le dessin a besoin d’aspérités, pour exister : « Une bonne caricature, c’est une charge, pas nécessairement extrémiste, mais qui ne supporte pas la mollesse, » estime l’historien de la politique et de l’image Christian Delporte. La modification du dessin de Plantu laisse penser à un retour de la censure politique mais pour Jean-Marie Charon, la place accordée par les rédacteurs en chef au dessin tient aussi à l’aura du dessinateur. «Durant des années, Plantu a été très choyé par Le Monde. Maintenant qu’il est plus contesté par les amateurs du genre, le journal lui laisse moins de liberté.» Un lâchage proche de celui dont fut victime Nicolas Vial. Après 32 ans de collaboration, la rédaction a suspendu les piges du dessinateur. Son style, très travaillé, serait passé de mode. Le dessinateur Antonelli pointe un changement de mentalité chez les directeurs artistiques : « Ils sont moins exigeants sur la qualité du dessin, l’intelligence de l’humour. Il y a un manque de profondeur. »
De nouvelles limites se dessinent
Religion, sexualité, les dessinateurs abordent tous les sujets et revendiquent cette liberté. Elle a des limites. Celles imposées par le journal, qui ne sont pas nouvelles. En 1935, la loi Brachard introduit la clause de conscience qui permet aux journalistes de démissionner en bénéficiant d’indemnités de licenciement, en cas de « changement notable dans le caractère ou l’orientation du journal» et si «ce changement crée pour la personne employée une situation de nature à porter atteinte à son honneur, à sa réputation ou, d’une manière générale, à ses intérêts moraux».
L’autre limite, celle du politiquement correct, s’accentue. Pour Na !, dessinateur depuis 20 ans, la susceptibilité de chaque groupe social s’est exacerbée. « Un rédacteur en chef m’avait commandé un dessin assez cru : un patron, en position fâcheuse avec sa secrétaire. Une bulle disait « tant que je sens tes dents, t’auras pas d’augmentation ». Une association féministe nous est tombée sur le râble. Mais nous ne défendions en aucun cas ce genre de pratique ! Ce n’est pas parce qu’on montre ce qui existe qu’on le cautionne. »
Chacun plaque ses références
Un dessin est lu en moins de 10 secondes. Pour le déchiffrer, le lecteur puise dans ses références, l’interprétation d’un dessin est diverse. Et parfois avariée. La principale difficulté est de réaliser un dessin qui sera vu de la façon dont l’auteur l’a pensé. Afin d’être compris de la majorité des lecteurs, les auteurs recourent à des symboles communs. Avec le risque d’effets secondaires indésirables. « On est vite accusé d’exploiter les stéréotypes. Oui, pour dessiner une femme, on lui fait des seins. On sait bien que toutes les femmes n’ont pas une poitrine plantureuse. Mais ça nous permet de rendre les personnages identifiables au premier coup d’œil », explique Aurel. Travaillant pour la presse depuis 2003, le jeune dessinateur y voit une crise de l’humour.
« Le politiquement correct est bénéfique lorsqu’il nous incite à ne pas blesser gratuitement certaines personnes. Mais il ne faut pas tomber dans la peur de déplaire à tout le monde, » précise Monsieur Kak, dessinateur depuis 18 ans pour le Film Français. « Le manque de temps et de moyens oblige aussi à passer par les stéréotypes. Techniquement, si on vous demande un dessin en noir et blanc et que vous devez représenter une personne noire, il faut énormément de travail pour réussir sa profondeur de couleur et ne pas tomber dans une caricature échappée de Tintin au Congo. Le travail, ça demande du temps. » Les rédactions leur en laissent de moins en moins.
Coincé entre la crispation sociale grandissante et la course au profit des grands groupes de presse, le dessinateur est peu à peu poussé hors des colonnes des journaux. On ne le remplace pas lorsqu’il disparaît (Le Figaro), on lui demande de ne pas caricaturer Paris Hilton par crainte d’un procès (L’Echo des Savanes).
La Toile apparaît comme leur dernier espace de liberté. La quasi totalité des dessinateurs ont un site personnel. Dans ce book mâtiné de journal intime, ils présentent leurs travaux publiés. Mais aussi le « dessin auquel vous avez échappé », ces œuvres qui ne passeraient pas le filtre de la ligne éditoriale. Jeu de mot, choc visuel, le dessin semble avoir tous les atouts pour profiter de la viralité des réseaux sociaux. Là encore, il ne séduit pas les rédactions. Le jour de la dernière Manif pour Tous, l’un des dessins d’Ascensi a été vu plus de 37 000 fois sur Facebook. Aucun journal ne l’a contacté. En 2010, Guillaume Doizy déplorait que les médias historiques lui accordent une place si faible sur Internet. Quatre ans plus tard, les choses ont peu évolué. L’Est Républicain le place en Une, comme sur son édition papier. Slate, Rue89, BFMTV, l’affichent également. Mais impossible de les trouver en page d’accueil du site de l’hebdomadaire Marianne, qui le met pourtant à l’honneur dans son édition papier.
Un objet visuel qui peine sur Internet
Intrinsèquement liés à la presse papier, les dessins de presse peuvent-ils trouver leur place sur Internet ? La réponse est loin d’être évidente. Créé par François Forcadell en 2011, le site Urtikan.net, un hebdomadaire d’actualité dessiné, a suspendu sa diffusion payante. Même échec pour l’application Ca ira mieux demain lancée en juin 2010. Pour 4,99 €, elle proposait un accès illimité aux dessins des auteurs référencés. Pour Aurel, l’un de ses instigateurs, le dessin de presse seul n’intéresse pas les lecteurs. « S’il n’y a que du dessin, les gens n’y vont pas. Même si c’est gratuit. Le dessin de presse se conçoit dans une globalité éditoriale.» Est-ce parce que le dessin éditorial reste la patte d’un journal, la crème dans le gâteau, que les nouvelles feuilles le rappellent en Une ? L’Idiot International, Le 1, L’Opinion, ont des dessinateurs attitrés. Avec trois dessinateurs réguliers, Le 1 intègre complètement ce genre dans sa maquette. «Une photo peut jamais aller en contradiction avec l’article. Un dessin invite à la réflexion, à l’échappée, précise sa directrice artistique, Natalie Thiriez. Il peut offrir un angle totalement différent de l’article qu’il illustre. » A L’Opinion, Nicolas Baytout tenait aussi à avoir son dessinateur : depuis septembre 2013, Monsieur Kak, qui travaillait déjà pour Le Film français, illustre quatre man- chettes par semaine.

https://www.facebook.com/planeterose

https://www.facebook.com/planeterose

La mode est un balancier
Tradition française, le dessin de caricature est un patrimoine fragile. A 84 ans, Pinatel, qui a travaillé pour La Marseillaise, Valeurs Actuelles, Minute, Combat et Le Charivari est lucide : « On fait dans l’éphémère. Seuls les historiens peuvent être intéressés par une rétrospective. » Quand il montre des vérités intemporelles, le dessin de presse est un objet d’études prisé des sociologues et des historiens. Les années passent, les références restent. « Après 25 000 dessins, avoue Antonelli, j’ai l’impression d’avoir fait le tour de la question. On voit revenir des évènements différents mais qui révèlent toujours les mêmes problèmes... On a parfois l’impression que rien ne change. » En 1988, Plantu caricaturait Balladur en marquis Louis XV dans sa chaise à porteurs. L’image revient en 2013, dans la presse britannique mais avec Hollande, transformé en Marie- Antoinette.
Si la place du dessin de presse éditorial s’est réduite par un effet de mode, que ses amoureux se rassurent : la mode est un balancier. Le dessin de presse s’est raréfié et ce qui est rare devient passionnant pour une élite prescriptrice. Le dessin pourrait donc bien faire un retour en fanfare. Pour Antonelli, la recrudescence d’expositions consacrées au dessin de presse est un signe de mort imminente. On peut y voir le contraire : la reconnaissance d’un art longtemps minoré. Qui revient enfin en grâce pour ce qu’il a de précieux : son engagement, son énergie, son aptitude à illustrer l’air du temps.

Elisabeth Segard
Illustrations : Eric Ascensi

https://www.facebook.com/planeterose

https://www.facebook.com/planeterose

"JAURES A TRAVERS LA CARICATURE" : exposition à Avignon

$
0
0
"JAURES A TRAVERS LA CARICATURE" : exposition à Avignon

A l’occasion du Festival d’Avignon, la Fondation Jean-Jaurès, la Ligue des Droits de l’homme, la Société d’études jaurésiennes et la ville d’Avignon proposent un cycle de conférences, des spectacles vivants et deux expositions pour la commémoration de l’assassinat de Jean Jaurès. L'une de ces expositions, conçue par Guillaume Doizy, porte sur "Jaurès à travers la caricature".

Pour des détails sur le contenu de cette exposition,cliquer ici...

Pour voir le programme du cycle de conférences...

« Les nouveaux rois du rire » un Dossiers du Canard enchainé

$
0
0
« Les nouveaux rois du rire » un Dossiers du Canard enchainé

« Les nouveaux rois du rire », Les Dossiers du Canard enchainé n°132, 6 €

Nous ne saurions trop conseiller la lecture du dernier dossier du Canard enchaîné. Un dossier qui fleure bon l’insouciance des vacances puisqu'il porte sur les "nouveaux rois du rire", bien que le sujet soit en fait très sérieux. Les comiques ont depuis quelques décennies envahi les grand médias audio visuels, radio et télévision, puis dorénavant internet, captant un public de plus en plus large, et générant des recettes publicitaires de plus en plus conséquentes. C'est sous cet angle économico-médiatique que les auteurs de ce Dossier s'intéressent aux humoristes, ce nouveau succès du rire étant perçu comme une conséquence de la crise que nous traversons. Quand tout va mal, le rire rendrait plus supportable le triste quotidien… Emoluments, stratégies médiatiques et publicitaires, concurrences et personnalités de premier plan sont passés au crible. De Gerra à Ruquier, de Canteloup à Debouze, sans oublier Boon et les Guignols, ainsi que le rapport des politiques à l’humour et le succès des comédies : le Canard cible les grands noms de l'humour, qui pour certains émargent à 100 000 euros mensuels, cumulent boites de production, gros patrimoines et autres machines à gagner des sous. Car l'humour « one man show » ou « sand up », voire celui du chroniqueur radio et télévision, sont le nouvel eldorado, un véritable commerce, un produit d’appel sinon un label, laissant très très loin derrière lui le rire dessiné qui ne fait quasiment plus recette (hormis sous forme de BD).

Avant de conclure sur un supplément consacré au bourrage de crâne en 14-18 vu surtout au travers des premières années du Canard enchaîné, le dossier ne manque pas d'étriller joyeusement les théoriciens de l'humour et de citer les définitions et autres analyses les plus absconses d'universitaires, extraits pour certains tirés de la revue bien connue des lecteurs de C&C, Humoresques... (un peu d’anti-intellectualisme ne nuit pas, surtout quand il est formulé par de brillants journalistes). Si ce dossier se garde bien d’analyser le phénomène d’un point de vue sociologique, sémiologique ou historique, esquissant ça et là quelques pistes néanmoins, il n’en demeure pas moins passionnant sur les coulisses de l’humour de masse, et constitue un bel outil pour tous ceux qui réfléchissent à l’évolution de la satire dans nos sociétés, et qui ignorent trop souvent la dimension économique du phénomène. Signalons une omission de la part du volatile (et une belle erreur, le dossier faisant naître l’Assiette au Beurre « à la fin du XIXe siècle ») : montrer combien la généralisation des humoristes dans les grands médias s’est accompagnée d’une tendance à aborder l’Information de manière de plus en plus décontractée. Les radios et les chaînes d’infos en continu multiplient elles aussi les chroniques détendues et les journalistes n’hésitent dorénavant plus à fonder les transitions entre deux sujets sur des « vannes » et autres saillies humoristiques rythmées de rires appuyés (humour souvent mâtiné d’autodérision). L’humour n’a pas seulement investi quelques cases bien spécifiques dans la grille des programmes, il a contaminé l’ensemble du processus hyper médiatique.

GD, juillet 2014.


Dessin de presse. Carquefou tire un trait sur les Ridep en 2015

$
0
0
Dessin de presse. Carquefou tire un trait sur les Ridep en 2015

Lu sur le site du journal Ouest-France :
Pas de Rencontres internationales du dessin de presse en 2015 ! Motif : un budget élevé pour un trop maigre public. La commune réfléchit à un autre événement en 2016.

La Ville de Carquefou, organisatrice, a décidé d'annuler l'édition 2015 des Rencontres internationales du dessin de presse. Elle constate une "désaffection du public", notamment des Carquefoliens. Déduction faite des scolaires, le nombre de visiteurs était de 6 500. "Dont seulement un tiers de Carquefoliens", regrette Véronique Dubettier-Grenier, maire de Carquefou. Alors, dans une période budgétaire "contrainte", la Ville est frileuse à l'idée d'investir 200 000 € dans l'organisation de cet événement pour une si maigre fréquentation. " On n'arrête pas les Ridep, on veut juste les faire évoluer, nuance Véronique Dubettier-Grenier. Nous nous donnons le temps de la réflexion pour imaginer un événementiel nouveau en 2016, toujours avec le dessin de presse comme support principal, mais qui aura davantage d'impact dans la ville."

VOIR ET MONTRER LA GUERRE, un ouvrage de Philippe Vatin

$
0
0
VOIR ET MONTRER LA GUERRE, un ouvrage de Philippe Vatin

Philippe Vatin, Voir et montrer la guerre, Presses du réel, 680 p., 30 euros.

Le centenaire de la Grande guerre a suscité finalement la publication d'un nombre restreint d'ouvrages d'analyse sur les images produites pendant la conflit. Il faut donc saluer cet important "pavé" de quasi 700 pages édité par les Presses du réel. Pour comprendre le phénomène de pilonnage visuel pendant la première guerre mondiale, Philippe Vatin s'est intéressé à toutes sortes d'images dessinées ou peintes, des carnets de soldats à la "grande" peinture, des affiches pour l'Emprunt aux cartes postales, des dessins de presse aux lithographies de diffusion restreinte. Et donc à toutes sortes de fonctions : témoignage, information, propagande, protestation…

Philippe Vatin n'a pas visé l'exhaustivité, mais pratiqué des sondages sélectifs. S'il lui a été possible d'explorer l'ensemble des affiches produites pendant la guerre en s’appuyant sur des archives pour analyser l’évolution des stratégies propagandistes à l’œuvre en terme de diffusion des affiches d’un emprunt à l’autre, s'il a comme aucun autre jusque-là en France étudié l'œuvre du dessinateur hollandais Raemaekers, trop mal connu de nos jours bien qu’omniprésent pendant la Grande Guerre dans la presse alliée, s'il s’est intéressé à certaines expériences éditoriales peu explorées jusque-là (L'Elan par exemple) ou à certains peintres passionnants, il a sans doute jeté un regard (trop) rapide sur les innombrables caricatures publiées dans la presse (la grande presse quotidienne est quasiment ignorée) ou les images innombrables parues sous forme de cartes postales.

L’auteur étudie autant les images patriotiques que leur pendant hostile à l’union sacrée et à la guerre, c'est-à-dire la production iconographique pacifiste. Si le premier ensemble demeure facile à définir, l’interprétation des images qui ne correspondent pas au canon du tout venant visuel « anti-boche » et « patriotard », fait parfois l’objet d’une surinterprétation que nous ne suivons pas tout à fait. Il est possible que nous ayons trop tendance à réduire l’iconographie de guerre à quelques stéréotypes sans percevoir la très grande diversité des images non seulement produites pendant le conflit mais en plus tolérées sinon encouragées par les autorités. C’est le cas de Steinlen notamment, que nombre d’historien d’art (Philippe Vatin également) décrivent comme hostiles à la guerre en appuyant leur analyse sur les nombreux dessins très noirs réalisés par l’artiste représentant des civils ou des soldats permissionnaires. Steinlen a été de bout en bout considéré par le gotha de la critique de l’époque comme un artiste patriote, sans que sa manière soit jugée le moins du monde défaitiste ou pacifiste.

L’intégration de Steinlen et de quelques autres dans le camp pacifiste permet créer un continuum d’images hostiles à la guerre qui prendrait naissance pendant le conflit pour se prolonger après la fin des hostilités. Un point de vue difficile à tenir sauf à surinterpréter certaines images ou à mettre sur le même plan une gravure tirée à 30 exemplaire pendant la guerre et des œuvres peintes présentées au « grand » public après guerre. La production d’images inspirées par le pacifisme (qu’on retrouve principalement dans la presse d’extrême gauche, là encore trop peu évoquée) a été en fait extrêmement marginale en France, les élites artistiques ayant fort peu brillé de ce côté-là avant comme après la guerre !

Difficile évidemment d’appréhender de telles masses documentaires et l’étude de Philippe Vatin a le mérite de proposer des immersions dans des univers que des études séparées ne parviennent pas à rapprocher. Mais si l'auteur appuie son analyse sur des éléments analytiques, méthodologiques et statistiques pertinents (évolution des thèmes notamment), le lecteur peut éprouver une certaine gène lorsqu'il s'agit de passer d'un genre à un autre au fil des chapitres du livre, finalement assez hétéroclites. La volonté d'embrasser une telle diversité de type d'images et de supports, pour ambitieuse qu'elle soit, demeure très délicate et la conclusion laisse le lecteur sur sa faim, pourtant imprégné de données très intéressantes et toujours en quête d’une synthèse annoncée en introduction, mais jamais accouchée... Manque peut-être à cet ouvrage une thèse forte, comme celle du livre Le Silence des peintres de Philippe Dagen.

Une lecture néanmoins incontournable pour tous ceux qui se passionnent pour l’histoire de l’image et notamment l’histoire de la caricature et du dessin de presse.

GD, juillet 2014

DAUMIER OU LA CARICATURE AU SERVICE DE LA LIBERTE, le catalogue

$
0
0
DAUMIER OU LA CARICATURE AU SERVICE DE LA LIBERTE, le catalogue

On lira avec intérêt ce catalogue d’exposition de 52 pages (15 euros) portant sur l’œuvre politique de Daumier, en déplorant pourtant la médiocrité de son introduction. Cas d’espèce d’un genre qui fleurit depuis la mort du dessinateur, les quelques lignes rédigées par le « grand maître du Grand Orient de France » fleurent bon la flagornerie mémorielle. Daumier « nous fait mieux comprendre que Marx ce qu’est la bourgeoisie montante de la révolution industrielle », ses chroniques dessinées « en disent autant sur la grandeur et les mésaventures de la IIe République que les souvenirs de Tocqueville » ; « beaucoup de ses dessins ont fait plus pour la cause de la République que bien des livres et des programmes. La célèbre « poire » a ébranlé plus sûrement Louis-Philippe 1er et la monarchie de Juillet que les plus nobles professions de foi démocratiques ». Outre que rien ne permet de mesurer l’influence des dessins de Daumier sur la vie politique de son temps, l’exemple évoqué laisse dubitatif : en effet, non seulement la poire a pour père un certain Philippon et non Daumier, mais en plus Louis-Philippe chute sur une campagne de banquets en 1848, soit treize ans après la fin des salves caricaturales inspirées du fameux fruit… Pour finir en beauté Daumier est présenté comme un « acteur du grand chantier du progrès » qui resta « attaché toute sa vie à ses idéaux de démocratie », un progrès et une démocratie qui s’arrêtent bien sûr au seuil du socialisme utopique, des revendications ouvrières de juin 1848 et fustigent le féminisme…

Encenser n’est pas raisonner, et l’introduction vite oubliée laisse place à des contextualisations historiques et des analyses bien plus justes, que l’on doit au commissaire de l’exposition, Philippe Altmeyerhenzien et à Pierre Mollier, directeur de la bibliothèque, des archives et du musée du Grand Orient de France. L’exposition donne la part belle aux « frères » caricaturés par Daumier, sans d’ailleurs trouver à redire, alors que la franc-maçonnerie est présentée comme combattant au XIXe siècle « pour les libertés et les idées nouvelles » bien qu’elle s’adapte à tous les régimes en mettant à sa tête des personnalités proches des nouveaux pouvoirs, et que nombre de ses membres combattent alors les idées républicaines pour lesquelles Daumier dessine !

Après une introduction sur les origines de la caricature jusqu’à 1830, l’exposition –et donc le catalogue- s’articule autour des trois périodes pendant lesquelles Daumier s’est adonné à la caricature politique : 1830-1835, 1848-1851 et de la fin du Second Empire à la IIIe République. Trois étapes dans la vie de Daumier qui suivent l’évolution politique de la bourgeoisie libérale : radical en 1830, Daumier se montre modéré par la suite, sinon socialement conservateur. En 1870, déjà âgé, il ne participe pas aux débats qui agitent la famille républicaine, se limitant à fustiger l’adversaire prussien et Napoléon III.

Un catalogue qui donne envie de se rendre à l’exposition (jusqu’au 25 octobre 2014), mais dans lequel on aurait apprécié y lire quelques développements sur la réception des dessins de Daumier par le « peuple » républicain.

Pour commander le catalogue, cliquer ici

GD, juillet 2014

ALFRED LE PETIT (1841-1909) : l'exposition

$
0
0
ALFRED LE PETIT (1841-1909) : l'exposition

Cette exposition porte sur la carrière du dessinateur français Alfred Le Petit (1841-1909). Elle sera présentée en avant première en septembre 2014 au Salon du dessin de presse et d'humour de Saint-Just-Le-Martel. Ensemble conçu par Guillaume Doizy avec le concours et à partir des collections de Jean-François Le Petit, Jacky Houdré, la Mairie d’Aumale, François Fabrice, Alban Poirier et Jean-Luc Jarnier.

Dessinateur de presse, fondateur de journaux satiriques, Alfred Le Petit incarne la figure type du caricaturiste politique de la seconde moitié du XIXe siècle. Engagé en faveur de la République radicale, puis boulangiste et finalement anti-dreyfusard, Le Petit tutoie les grands noms de la presse satirique des années 1870 à 1900. Musicien, imitateur, membre des Arts Incohérents, auteur d’ouvrages satiriques illustrés et de feuilles volantes à succès, anticlérical véhément, Alfred Le Petit expérimente la photographie autant que la peinture, pourfend la censure quand elle limite sa liberté d’expression et goûte même à la prison. L’exposition qui s’appuie sur de riches archives familiales (photos, lettres, documents divers) retrace l’itinéraire du dessinateur et explore la diversité de ses expérimentations visuelles, de ses débuts à Rouen à sa fin de carrière à Paris.

Ci-dessous, la moitié des 50 panneaux envisagés :

ALFRED LE PETIT (1841-1909) : l'exposition
ALFRED LE PETIT (1841-1909) : l'exposition
ALFRED LE PETIT (1841-1909) : l'exposition
ALFRED LE PETIT (1841-1909) : l'exposition
ALFRED LE PETIT (1841-1909) : l'exposition
ALFRED LE PETIT (1841-1909) : l'exposition
ALFRED LE PETIT (1841-1909) : l'exposition
ALFRED LE PETIT (1841-1909) : l'exposition
ALFRED LE PETIT (1841-1909) : l'exposition
ALFRED LE PETIT (1841-1909) : l'exposition
ALFRED LE PETIT (1841-1909) : l'exposition
ALFRED LE PETIT (1841-1909) : l'exposition
ALFRED LE PETIT (1841-1909) : l'exposition
ALFRED LE PETIT (1841-1909) : l'exposition
ALFRED LE PETIT (1841-1909) : l'exposition
ALFRED LE PETIT (1841-1909) : l'exposition
ALFRED LE PETIT (1841-1909) : l'exposition
ALFRED LE PETIT (1841-1909) : l'exposition
ALFRED LE PETIT (1841-1909) : l'exposition
ALFRED LE PETIT (1841-1909) : l'exposition
ALFRED LE PETIT (1841-1909) : l'exposition
ALFRED LE PETIT (1841-1909) : l'exposition
ALFRED LE PETIT (1841-1909) : l'exposition
ALFRED LE PETIT (1841-1909) : l'exposition
ALFRED LE PETIT (1841-1909) : l'exposition
ALFRED LE PETIT (1841-1909) : l'exposition
ALFRED LE PETIT (1841-1909) : l'exposition

Henri-Gabriel IBELS (1867-1936) : Un promeneur engagé

$
0
0
Henri-Gabriel IBELS (1867-1936) : Un promeneur engagé

A lire cette très intéressante contribution sur HG Ibels, dessinateur de presse anarchisant et dreyfusard, co fondateur du Sifflet. Étude de Claire Dupin de Beyssat, dont l'intégralité se trouve sur le site de l’Équipe d'accueil Histoire culturelle et sociale de l'art, Paris 1 Panthéon Sorbonne.

Début de l'article :

"Témoin exemplaire du Paris de la fin du XIX e siècle, Henri-Gabriel Ibels (Paris, 1867- 1936) ne se cantonne pas aux milieux de l'avant-garde artistique, mais fréquente aussi bien Montmartre et ses caricaturistes que des groupes politiques plus ou moins organisés. Il se destine rapidement à une carrière artistique : élève à l’École des Arts Décoratifs jusqu'en 1887, il intègre ensuite l'Académie Jullian. Il y rencontre Paul Sérusier (1864-1927), ainsi que Maurice Denis (1870-1943) et Paul Ranson (1861-1909) et constituent ensemble le cercle confidentiel des nabis. Néanmoins, Ibels prend peu à peu ses distances avec ce groupe souvent décrit comme neutre, pour participer à des entreprises socialement plus engagées. Dès le début de sa carrière , il collabore avec des artistes ouvertement libertaires : il devient l'illustrateur attitré du Théâtre Libre d'André Antoine pendant la saison 1892-1893, et l'affichiste fétiche du chanteur Jules Mévisto dès 1891. A partir de 1893, il devient un collaborateur régulier de quelques revues anarchistes : Le Père Peinard et L'Escarmouche , dont il est l'un des fondateurs. Cet engagement trouve son apogée au cours de l'Affaire Dreyfus. En raison de sa connaissance personnelle de l'officier Ferdinand Estherazy, il prend rapidement position aux côtés d'Alfred Dreyfus et des intellectuels qui s'organisent peu à peu pour sa défense en un « Syndicat ». Il fonde ainsi un hebdomadaire illustré, Le Sifflet , en réponse aux divers journaux et images antidreyfusards. Au cours de cette décennie 1890, l’œuvre et la biographie d'Ibels font donc état d'un intérêt croissant pour les questions sociales et pour leurs réponses politiques. Les milieux qu'il fréquente, les techniques employées, les thématiques représentées, les supports utilisés dressent le portrait d'un artiste à la lisière entre symbolisme nabi et convictions libertaires..."

Lire la suite

"Burki range ses crayons", un article du Matin.ch

$
0
0
"Burki range ses crayons", un article du Matin.ch

Lu sur le site du Matin.ch :
Depuis 38 ans, Burki dessine pour «24 heures». Vers la mi-août, il va ranger ses crayons et ses pinceaux et quitter son antre à la rédaction du quotidien vaudois.

Après 38 ans de bons et loyaux services à 24 heures, Burki range ses crayons. Chaque jour ou presque, il décortique l'actualité. Avec un humour mordant, mais sans méchanceté.

Dans son petit bureau - presque un bout de couloir - de la tour Edipresse à Lausanne, Raymond Burki a déjà commencé à rassembler quelques affaires. Après environ 8000 dessins, l'heure de la retraite a sonné pour l'homme à l'éternelle casquette vissée sur la tête - «les gens m'engueulent lorsque je ne l'ai pas», s'amuse-t-il.

L'ancien retoucheur photo en imprimerie est tombé à 27 ans dans la marmite du dessin de presse. «J'aimais le dessin et m'intéressais énormément à la politique. Je me suis dit: pourquoi pas moi», a-t-il raconté.

Le noir-blanc, puis la couleur

Au départ, il croque l'actualité en noir et blanc, dans un style très épuré. La couleur viendra plus tard, quelques touches d'abord - «du jaune le samedi, du rouge la semaine» - puis l'aquarelle aujourd'hui. Mais pratiquement toujours sans texte, pour ne pas alourdir un dessin, qui se suffit à lui-même.

Ce «vieux soixante-huitard» - comme il se décrit - a-t-il subi la censure ? Pas vraiment, même si certains dessins ont été refusés, comme celui où un cortège de «petits papas Noël» suit le cercueil de Tino Rossi, à la mort du chanteur en 1983.

La mort, le pape, l'armée étaient autrefois des tabous. Aujourd'hui, l'islam et le conflit israélo-palestinien constituent des sujets extrêmement sensibles. Il a reçu, une fois, des menaces, après un dessin sur les réfugiés.

Pas d'objectivité

«Un dessinateur ne peut pas être objectif. J'étais pro-Européen à fond et le suis toujours même si on a pris de sacrées claques», sourit-il. Il a souvent brocardé Christoph Blocher qu'il n'apprécie guère.

Une de ses caricatures montre le leader UDC dans un chalet filant de la laine avec, par la fenêtre, des moutons paissant dans un pré. Dans le dos de son rédacteur en chef - qui avait dit non - il a ajouté une croix gammée au centre du rouet.

L'affaire lui vaudra des remontrances. «Je trouvais scandaleuse et raciste l'affiche des moutons noirs», explique-t-il. Sous son air gentil et discret, l'artiste a ses convictions. Et il rappelle que «la caricature, c'est l'exagération. On peut exagérer».

Victimes et fans

Parmi ses «victimes», Burki compte de nombreux fans comme les anciens conseillers fédéraux Adolf Ogi, Otto Stich, Ruth Dreifuss - «elle avait des habits pas tristes» - et Pascal Couchepin - «c'était trop facile avec un nez pareil» - ou encore Daniel Brélaz, le syndic de Lausanne dont il dessine désormais «à la règle, et plus au compas» la silhouette spectaculairement amaigrie.

«Pour que le crayon ne soit pas moins aiguisé», le maître évite de trop fréquenter ses sujets. Mais il ne rechigne pas à leur vendre sur internet certains de ses originaux, qu'il crée en format A3. Les conseillers d'Etat vaudois Jacqueline de Quattro, Anne-Catherine Lyon et Pascal Broulis en décorent les murs de leur bureau.

Sur son propre mur, Burki affiche un peloton du Tour de France en forme de seringue, un de ses dessins préférés. Récemment, il a campé un petit garçon qui appelle «Où t'es papa où t'es» devant une foule qui suit le concert de Stromae au Paléo Festival de Nyon.

Beau livre en préparation

Cette institution vaudoise, qui fêtera ses 65 ans début septembre, prépare un beau livre, intitulé «Grands crus» qui devrait sortir vers la fin du mois d'août. «J'ai dû trier 38 ans de dessins. A la maison, j'en ai jusqu'au plafond», explique-t-il. «Cela m'a donné un coup de blues». Sur les 8000, il en a retenu environ 200.

La suite ? Burki continuera à dessiner, mais pas pour un quotidien. Il se verrait bien imaginer des étiquettes pour des bouteilles de vin ou faire autre chose que des dessins d'humour. Il ne veut pas savoir qui lui succédera à «24 Heures» et le découvrira à la maison. «Je sais qu'ils ont quelqu'un».

La Maison de l'Umour et des z'arts z'umoureux : un appel d'Etienne Mourlon

$
0
0
La Maison de l'Umour et des z'arts z'umoureux : un appel d'Etienne Mourlon

Présentation des organisateurs :

Un espace muséographique consacré à l’humour, c’est quoi et ça marche comment ?

Il ne s'agit point, faut-il le préciser, en l'occurrence de " Mettre l'humour au musée", comme l'on " met une fille en maison ", mais bien au contraire de présenter en un lieu largement ouvert tout ce que l'humour exprime, représente, a suscité et fait naître en termes de créations diverses; l'humour, en effet ne s'enferme ni ne se met en cage, mais il a toutes les qualités et vertus, de résistance, en particulier pour être honoré et célébré, par et pour tout le monde, à ciel ouvert, les portes de sa maison largement et toujours grandes ouvertes !

Si vous pensez qu'un tel espace a tout sa place et sa raison d’être en notre pays de France, un grand merci de votre aide et de votre soutien, même avec 5 €, en suivant les instructions du lien suivant :

http://www.kisskissbankbank.com/la-maison-de-l-humour-et-des-arts-humoureux

N.B: Si ce mode de paiement ne vous convient pas, vous avez tout loisir de nous adresser un chèque à l’ordre de "la maison du rire et de l’humour" à l’adresse suivante :

La Maison du Rire et de l’Humour
A/S Etienne Moulron
1, avenue Pierre le vénérable
71250 CLUNY
Nous en transfèrerons le montant sur le site Kisskissbank

N.B 2: Possibilité également de passer par mon compte ″PAY PAL″ lié à cette adresse mail : emoulron@gmail.com

Avec tous nos remerciements pour votre aide et votre soutien.

Etienne Moulron
Fondateur de la maison du Rire et de l'Humour

emoulron@gmail.com


Cartoons in Tavagna

$
0
0
Cartoons in Tavagna

On nous communique : Le festival "Cartoons in Tavagna", organisé par Battì se tiendra fin août, durant plusieurs soirées, dans un village différent de Costa Verde en Corse, en parallèle du festival Settembrinu di Tavagna. Au programme : musiques du monde et les fameuses rencontres internationales de dessin de presse et d'humour avec les dessinateurs Ballouhey, Biz, Batti, Dume, Haddad, Gibo, Tignous, Rousso, Trax et Moine.

"Les petits poulbots s'en vont en guerre (1914-1918)" : exposition à Reims

$
0
0
"Les petits poulbots s'en vont en guerre (1914-1918)" : exposition à Reims

Exposition du 16 septembre au 16 décembre 2014

Présentation des organisateurs : Célèbre pour ses dessins de gamins montmartrois pendant la première moitié du XXe siècle, Francisque Poulbot (1879-1946) est aujourd'hui presque méconnu. Démobilisé au tout début de la Première Guerre mondiale à cause de graves problèmes de santé, il met ses crayons et ses « mômes » au service de l'effort de guerre en publiant des centaines de dessins patriotiques.

Cette exposition propose de découvrir la richesse et la diversité de l’œuvre de guerre de cet artiste de grand talent, qui allie humour et gravité au cours d'une période où le quotidien ne se prête souvent pas au sourire.

Commissaire de l'exposition : Coline Pichon

Musée Hôtel Le Vergeur
36 place du Forum
51100 REIMS
03 26 47 20 75

Ligne Caustique : exposition de dessins de Slawomir Mrozek

$
0
0
Ligne Caustique : exposition de dessins de Slawomir Mrozek

Ligne Caustique - Maison du Dessin de Presse (Morges, Suisse)

Présentation des organisateurs : La Maison du Dessin de Presse de Morges en Suisse à l'honneur de présenter les dessins de Slawomir Mrozek, grand dessinateur satirique, écrivain et dramaturge polonais. En quelques traits, quelques mots, mordants et poétiques, Mrozek illustre une certaine Pologne.

Dates de la manifestation
Du 04.09.14 au 28.09.14

Lieu
Rue Louis de Savoie 39
1110 Morges
Adresse d'information
Maison du Dessin de Presse, Rue Louis de Savoie 39, 1110 Morges
Contact
Téléphone +41 (0)21 801 58 15
Site internet www.maisondudessindepresse.ch

Dessiner en exil ? : table ronde à la BNF avec deux dessinateurs iraniens

$
0
0
Dessiner en exil ? : table ronde à la BNF avec deux dessinateurs iraniens

Très intéressante table ronde organisée dans le cadre de la Biennale du dessin de presse 2014 à la BNF, en présence de deux dessinateurs iraniens, Kianoush Ramezani et Shahrokh Heidari (Sheed). Manifestation animée par Margarethe Potocki et Bernard Bouton (EIRIS). Traduction par Massoumeh Lahidji.

Inscrits dans la tradition du cartoon anglosaxon, les deux dessinateurs qui produisent des œuvres le plus souvent sans texte, ont été confrontés à la répression du régime et contraints à s'exiler.

Pour voir la vidéo, cliquez ICI

Joute graphique à la BNF avec Gab, Trax, Louison et Cambon

$
0
0
Joute graphique à la BNF avec Gab, Trax, Louison et Cambon

Joute graphique en présence de Gab, Trax, Louison et Cambon, animée par Alban Poirier (Eiris) et Yves Frémion (Papiers Nickelés) dans le cadre de la biennale du dessin de presse BNF 2014. Occasion de découvrir ces quatre dessinateurs/trices amenés à évoquer leur travail et surtout à dessiner en direct !

Pour voir la vidéo, cliquer ICI

Viewing all 950 articles
Browse latest View live