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''O'GALOP, DE L'ILLUSTRATION AU CINEMA D'ANIMATION'' : exposition à Terrasson Lavilledieu (Dordogne)

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''O'GALOP, DE L'ILLUSTRATION AU CINEMA D'ANIMATION'' : exposition à Terrasson Lavilledieu (Dordogne)

On nous signale :

Jusqu'au 29/06/2014, la Maison du Patrimoine de Terrasson présente l'exposition et le film réalisés par Marc Faye, ''O'GALOP, DE L'ILLUSTRATION AU CINÉMA D'ANIMATION''. Le Bibendum Michelin est mondialement connu mais qui est l’artiste qui se cache derrière ce logo ?

Marius Rossillon dit O'Galop (1867-1946), est le créateur du Bibendum. Il fut aussi illustrateur pour la presse satirique, affichiste et pionnier du cinéma d'animation.

Cette exposition rend hommage au talent multiple et visionnaire de cet artiste inhumé à Carsac en Dordogne et dont une vidéo, réalisée par Marc Faye, son arrière petit-fils, retrace l’œuvre.

Entrée libre.

Horaires d'ouverture: du Mercredi au Dimanche de 14h à 18h30.

Maison du Patrimoine de Terrasson Lavilledieu - Rue du Couvent - 05 53 50 80 48

(Merci à JM Bertin pour l'info)

''O'GALOP, DE L'ILLUSTRATION AU CINEMA D'ANIMATION'' : exposition à Terrasson Lavilledieu (Dordogne)

BROUILLON KUB : exposition au LaM de Villeneuve d'Ascq

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BROUILLON KUB : exposition au LaM de Villeneuve d'Ascq

BROUILLON KUB, exposition du 14 juin au 21 septembre 2014

Présentation des organisateurs :

Inspirée par un article éclairant de Jean-Claude Lebensztejn, l’exposition Brouillon Kub porte sur la réception du cubisme dans la presse illustrée pendant les années de guerre et celles qui la précèdent. Entre 1907 et 1918, le ton se durcit à l’encontre des artistes, passant d’une entreprise de dénigrement bon enfant à une assimilation de l’avant-garde à l’envahisseur ennemi. Parce que son principal marchand est allemand, le cubisme s’écrit alors avec un K et devient, dans l’esprit des caricaturistes, un moyen de « germaniser l’esprit français. » Au-delà du jeu souvent mordant entre les défenseurs et les détracteurs du cubisme, cette exposition entend confronter les œuvres des artistes ciblés, représentés dans les collections du LaM, aux publications de l’époque et aux avant-courriers d’un véritable « retour à l’ordre » de la peinture française.

Commissariat :
Nicolas Surlapierre, directeur des musées de Belfort
Jeanne-Bathilde Lacourt, conservatrice en charge de l’art moderne au

LaM PRATIQUE


Le LaM est ouvert de 10 h à 18 h du mardi au dimanche.

1, allée du Musée, 59650 Villeneuve d'Ascq
Tarifs : TP 7 € / TR 5 € / Gratuit le premier dimanche du mois.
Rens. : +33 (0)3 20 19 68 68/51 – www.musee-lam.fr
Résas (groupes) : +33 (0)3 20 19 68 88
Pour se rendre au LaM :
- en transports en commun avec Transpole : métro ligne 1, station Pont de bois + Liane
4 arrêt L.A.M. ou métro ligne 2, station Fort de Mons + bus 59, arrêt L.A.M.
- par la route : à 20 min. de la gare Lille Flandres, autoroute Paris-Gand (A1/A22/N227),
sortie 5 ou 6 Flers / Château / Musée d’art moderne

Festival du dessin de presse de Bruxelles

Satiradax 4 : "Le festival de la Satire unique en France"

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Satiradax 4 : "Le festival de la Satire unique en France"

Un festival surtout axé sur la musique et les spectacles humoristiques, avec en ce qui concerne les dessinateurs de presse 3 jours de dédicaces et une grande exposition urbaine de dessins de presse. A noter un débat sur la place de la satire dans l'information.

La place de la satire dans l'information, Dimanche 8 juin - 17h, Grand club CINEDAX, GRATUIT : Quelle est la place de la satire aujourd’hui dans l’information ? Existe-t-il une forme d’autocensure au sein même des rédactions ? Comment l’opinion publique reçoit-elle ces messages ? Existe-t-il encore des tabous ?

Débat et table ronde en présence de spécialistes de ces questions, représentants des différents médias :

- radio (Etienne Liebig, RMC)

- télévision (Stéphane De Groodt, chroniqueur dans La matinale de Canal +)

- presse écrite (Yves Harté et JP Dorian, rédacteurs en chef du Journal Sud Ouest)

- et biensûr des dessinateurs de presse (Urbs...).

Clandestino : une BD d’Aurel sur la dure vie des immigrés clandestins

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Clandestino : une BD d’Aurel sur la dure vie des immigrés clandestins

Les lecteurs du journal Le Monde et de Politis connaissent bien le dessinateur Aurel, régulièrement présent dans ces deux tires (entre autres). Comme au XIXe siècle, le dessinateur d’actualité aujourd’hui, quand il a du talent, a plus d’une corde à son arc. Il se fait parfois illustrateur, auteur d’affiches, de bandes dessinées voire de films d’animation pour certains bien connus (Jul, Silex and the city sur Arte, et avant lui bien sûr Émile Cohl !). En ce qui concerne la BD, Aurel n’en est pas à son coup d’essai, ayant privilégié jusque-là les affres de la vie politique et financière. Avec son dernier opus, Clandestino, le dessinateur nous entraîne dans un univers poignant et terrible, celui des immigrés clandestins qui tentent le passage entre l’Afrique du Nord et l’Espagne.

Aurel met en scène un ancien secrétaire de rédaction français à la dérive (affective) propulsé journaliste débutant qui répond à une commande pour un magazine américain (qui s'intéresse à d'autres situations d'immigration clandestine dans le monde). Une bonne moitié du récit est construit autour des débuts de l’enquête en Algérie, l'objectif étant de rentrer en contact avec quelques postulants à la migration. Mais c’est dans la seconde partie de son travail qu’Aurel touche le plus fortement le lecteur, lorsque notre héros journaliste rentre en Europe via le Sud de l’Espagne dans le but de retrouver ses contacts aspirants clandestins, l’un ayant traversé en barque, l’autre caché sous un camion… Occasion d’effleurer quelques unes de ces vies de misère et d’exploitation d'hommes bien sûr, mais également de femmes qui se sont elles aussi arrachées à leur famille, à leurs enfants, dans l'espoir de gagner quelques sous. Car ces immigrés sont avant tout des travailleurs comme on peut le lire sur l’illustration de la couverture de Clandestino qui reproduit un graffiti anarchiste espagnol : « los inmigrantes tambien son de la clase obrera ». Des travailleurs surexploités, pour certains en état de quasi esclavage dans des serres géantes qui fournissent l’Europe en fruits et légumes en toutes saisons…

Aurel appuie son récit sur une véritable enquête menée sur place avec un autre journaliste pour le compte du Monde Diplomatique. Un témoignage particulièrement touchant et révoltant à la fois, servi par des images souvent sombres et quasi monochromes. Une BD à côté de laquelle les âneries réactionnaires et racistes que l'on entend hélas sur les immigrés paraissent encore plus absurdes...

Merci Aurel !

GD, mai 2014

L'actu en dessins de presse : une exposition à la fête de Lutte Ouvrière

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L'actu en dessins de presse : une exposition à la fête de Lutte Ouvrière

Exposition en plein air présentée à la fête de Lutte Ouvrière (à Presles dans le nord du Val d'Oise les 7, 8 et 9 juin 2014). 24 panneaux de 95cm sur 70, avec les dessins de :

Aurel
Babouse
Bado
Ballouhey
Bauer
Besse
Box
Brito
Cambon
Charb
Chimulus
Coco
Côté
Dubouillon
Faujour
Honoré
Lasserpe
Lupo
Malingrey
Man
Ramine
Rousso
Sondron
Soulcié
Tignous
Valère
Vial
Willem

L'actu en dessins de presse : une exposition à la fête de Lutte Ouvrière
L'actu en dessins de presse : une exposition à la fête de Lutte Ouvrière
L'actu en dessins de presse : une exposition à la fête de Lutte Ouvrière
L'actu en dessins de presse : une exposition à la fête de Lutte Ouvrière
L'actu en dessins de presse : une exposition à la fête de Lutte Ouvrière
L'actu en dessins de presse : une exposition à la fête de Lutte Ouvrière
L'actu en dessins de presse : une exposition à la fête de Lutte Ouvrière
L'actu en dessins de presse : une exposition à la fête de Lutte Ouvrière
L'actu en dessins de presse : une exposition à la fête de Lutte Ouvrière
L'actu en dessins de presse : une exposition à la fête de Lutte Ouvrière
L'actu en dessins de presse : une exposition à la fête de Lutte Ouvrière
L'actu en dessins de presse : une exposition à la fête de Lutte Ouvrière
L'actu en dessins de presse : une exposition à la fête de Lutte Ouvrière
L'actu en dessins de presse : une exposition à la fête de Lutte Ouvrière
L'actu en dessins de presse : une exposition à la fête de Lutte Ouvrière
L'actu en dessins de presse : une exposition à la fête de Lutte Ouvrière
L'actu en dessins de presse : une exposition à la fête de Lutte Ouvrière
L'actu en dessins de presse : une exposition à la fête de Lutte Ouvrière
L'actu en dessins de presse : une exposition à la fête de Lutte Ouvrière
L'actu en dessins de presse : une exposition à la fête de Lutte Ouvrière
L'actu en dessins de presse : une exposition à la fête de Lutte Ouvrière
L'actu en dessins de presse : une exposition à la fête de Lutte Ouvrière
L'actu en dessins de presse : une exposition à la fête de Lutte Ouvrière

Les droits du dessinateur de presse : à lire l'appel d'Aurel (Le Monde, Politis...)

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Les droits du dessinateur de presse : à lire l'appel d'Aurel (Le Monde, Politis...)

Nous reproduisons le texte d'Aurel en intégralité, à partir de sa page Facebook :

"Chers camarades,

ça fait longtemps que ça m'énerve, alors je prends le temps de vous faire partager mon énervement au sujet des CONTRATS RELATIFS AUX DROITS que nous font signer les journaux depuis quelques temps.

Tous les groupes de presse doivent se mettre en règle, et depuis quelques semaines (quelques mois ?) nos chères rédactions nous envoient des contrats à signer, relatifs à l'exploitation de nos dessins, de la cession de droits, etc.

C'est ce cher HADOPI qui a poussé les groupes de presse à négocier avec les représentants du personnel, des contrats pour mettre de l'ordre dans l'utilisation des contenus (articles, photos, dessins, etc.) sur le web, les suppléments, les hors-séries, les tablettes, smartphones, etc.

Je ne suis pas juriste, je ne suis pas avocat encore moins un pro de la négo, mais je me suis un peu penché sur la question après qu'un ou deux articles du premier contrat que j'ai reçu (et lu, si,si) m'avaient chagriné.

Si on peut se réjouir du fait que l'on puisse peut-être entrevoir que les dessins commandés pour le papier et re-publiés sur le web soient (enfin) payés, on peut aussi s'inquiéter des clauses qui accompagnent cette rémunération.

Bien souvent ces contrats ont été négociés avec des représentants du personnel issus du collège des journalistes rédacteurs qui n'ont pas du tout en tête ce qu'est le métier ou les droits d'un dessinateur de presse (ou d'un photographe).

Je vous invite donc à tous faire gaffe avant de signer ces contrats. C'est bourré de clauses très limites. (je mets quelques exemples ci-dessous).

On vous opposera que c'est ça ou rien. Ce n'est pas vrai : les photographes ont souvent négocié des contrats bien plus en adéquation avec leur réalité, nous devons nous en inspirer.

On vous dira que c'est la loi : certes mais certaines clauses sont en contradiction avec la propriété intellectuelle (un dessin est une œuvre graphique, contrairement à un article).

On vous dira que si vous ne signez pas, on ne vous commandera plus de dessin : ça s'appelle du chantage, on me l'a fait, mais j'ai tenu bon et j'ai fini par avoir gain de cause. Je sais que d'autres n'ont pas signé non plus.

Pour les courageux ou les curieux, voici ci-dessous une série d'exemples qui m'incitent à ne pas signer, et le pourquoi du refus.

Pardon d'avoir été un peu long.

Une bise à tous.

Aurel

____________

Ex. 1 : On vous demande de céder vos droits à titre exclusif : Les clauses d'exclusivités allaient généralement de pair avec un contrat et un salaire fixe. Pour les pigistes c'est la double peine.

Ex 2 : On vous demande de céder vos droits pour la durée de la propriété intellectuelle, alors que généralement une fois que le journal n'est plus en kiosque, le dessin n'a plus de raison d'appartenir au journal.

-RAPPEL : nos dessins (œuvres) nous appartiennent. Les journaux achètent le droit de les publier (et d'exclusivité pour la période de parution).

Ex 3 : Généralement il y a 3 parties dans les contrats :
-> on cède nos droits pour le titre et ses publications (web, etc.) : OK
-> on cède nos droits pour les autres publications du groupe de presse : bof.
-> on cède nos droits pour les publications hors du groupe : NON !!! Cela veut dire que si vous réutilisez vos dessins (manuel scolaire, recueil, autre journal, T-shirt, que sais-je) vous devez 50% (généralement) de vos revenus au journal d'origine. Et vous n'avez plus le droit d'utiliser le dessin sans l'accord du journal.

Ex 4 : Les groupes de presse essaient généralement de faire passer toutes les utilisations secondaires en droits d'auteurs alors que nous avons droit à la Pige, donc à un salaire.
Pire
, dans certains cas on ne nous propose qu'une somme forfaitaire pour une exploitation à volonté des dessins."

Exposition Plages à Paris selon Daumier - Parisiens en Seine d'hier à aujourd'hui du 20 juin au 28 septembre 2014

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Exposition Plages à Paris selon Daumier - Parisiens en Seine d'hier à aujourd'hui du 20 juin au 28 septembre 2014

Présentation des organisateurs :

A l'occasion de la nouvelle édition de Paris Plages, la Maison de Balzac se penche sur les loisirs des Parisiens sur ou dans la Seine.

Outre la présentation de peintures provenant du Musée de l'Ile-de-France et Carnavalet, ce sont quarante gravures originales de Daumier, issues du fonds graphique du musée qui vont évoquer la place de ce fleuve dans les loisirs des Franciliens.

Pour accompagner l'exposition une chorégraphie littéraire, une table-ronde, des visites-conférences et des ateliers pour enfants vous sont proposés.

  • Chorégraphie littéraire : "Ca vire et ça chavire - La Seine dansée"

Durée : 30 min sur réservation au 01 55 74 41 80


La Compagnie Mobilis-Immobilis / Maflohé Passedouet a créé tout particulièrement une performance danse / textes pour l'exposition "Plages à Paris selon Daumier".

En s'inspirant librement des oeuvres de Daumier et de textes écrits par les contemporains de Balzac, deux danseurs évolueront dans le musée, ses salles d'exposition, son jardin et sa bibliothèque. C'est de façon ludique voire comique que les danseurs illustreront les activités du bord de Seine d'autrefois, en faisant participer les visiteurs qui seront invités à tirer au chapeau (canotier) des extraits de texte. La transposition en danse des scènes de vie sur le fleuve ou tout autour affirmera l'expressivité du corps dans tous ses états.

Dimanche 6 juillet à 11h30, 15h30, 16h30 et 17h15

  • "La Seine d'hier à demain" : table-ronde animée par Emmanuel Arlot, chargé de mission à la Délégation Générale, Paris Métropole

Durée : 2h sur réservation au 01 55 74 41 80

Nager? Pêcher? Naviguer? Construire? Travailler? Acheminer des marchandises? Etre relié au reste du monde? Ces différents usages de la Seine sont-ils conciliables et comment? Quel avenir?

A l'occasion de l'exposition "Plages à Paris selon Daumier", la Maison de Balzac organise une table-ronde autour de la place de la Seine dans la perspective à la fois de la création de la Métropole du Grand Paris, qui sera fondée le 1er janvier 2016, et de la place de Paris, ville-monde, dans les dynamiques internationales.

Autour d'Emmanuel Arlot, les intervenants échangeront leurs expériences et leurs expertises sur l'Axe Seine et son développement attractif, durable et solidaire, ainsi que sur ses enjeux.

  • Visites-conférences pour les adultes, durée : 1h15 sans réservation, dans la limite des places disponibles

Juin

Dimanche 22 à 11h

Mardi 24 à 15h30

Jeudi 26 à 15h30

Dimanche 29 à 15h30

Juillet

Mardi 1er à 11h30

Vendredi 4 à 15h30

Samedi 12 à 15h

Vendredi 18 à 11h30

Dimanche 20 à 15h

Vendredi 25 à 11h30

Dimanche 27 à 15h

Mardi 29 à 11h30

Août

Vendredi 8 à 15h30

Dimanche 10 à 15h30

Mardi 12 à 15h30

Samedi 23 à 11h

Mardi 26 à 11h30

Jeudi 28 à 11h30

  • Visite-animation pour les enfants 6-11 ans : Tous en Seine et loisirs en fête

Durée : 1h30 sur réservation au 01 55 74 41 80 ou eppm-balzac.reservation@paris.fr

Au XIXe siècle, avec un oeil incisif, Honoré Daumier a croqué les loisirs des Parisiens sur ou dans la Seine. A ton tour d'imaginer avec humour les poses d'un baigneur, d'un pêcheur ou d'un canoteur, en terre ou en fil de terre. Et demain, que fera-t-on sur la Seine?

Juillet

Mardi 8, 15, 22 et 29 à 14h

Jeudi 10, 17, 24 et 31 à 14h

Août

Jeudi 7 et 28 à 16h

Tarifs des visites-conférences et des visites-animations

Plein tarif : 4,50€

Tarif réduit : 3,80€

Exposition ouverte du 20 juin au 28 septembre 2014 à la Maison de Balzac :

47, rue Raynouard 75016 Paris

Tél : 01-55-74-41-80 / Fax : 01-45-25-19-22

Ouvert du mardi au dimanche de 10h à 18h sauf jours fériés

Tarifs de l'exposition :

Plein tarif : 5€

Tarifs réduits : 3,50 et 2,50€

Gratuit jusqu'à 13 ans inclus


“JE NE ME VOIS PAS DU TOUT COMME UN DESSINATEUR MILITANT” : entretien fleuve avec Babouse (Humanité, Nouvelle vie ouvrière, ...)

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“JE NE ME VOIS PAS DU TOUT COMME UN DESSINATEUR MILITANT” : entretien fleuve avec Babouse (Humanité, Nouvelle vie ouvrière, ...)

Guillaume Doizy :- Tu es ce qu'on peut appeler un dessinateur "militant". Peux-tu évoquer la diversité de tes interventions dessinées passées et présentes dans le mouvement politique et social ? A qui t'adresses tu en priorité ?

Babouse : Même s'il m'arrive souvent de faire des dessins sur des sujets "militants" précis (grèves, sans-papiers, etc), je ne me vois pas du tout comme un "dessinateur militant", j'irais même jusqu'à dire que c'est un qualificatif non seulement restrictif mais qui en plus fout un peu la pétoche (et puis souvent c'est chiant un "dessinateur militant", impossible en tant que "dessinateur militant" de, par exemple, faire un dessin rigolo qui représente une grosse quéquette ou une demoiselle à gros appendices mammaires sans se faire traiter de phallocrate, sexiste, macho, etc.... bref "dessinateur militant", en plus, c'est se condamner soit-même à devoir sans arrêt se justifier pour tout ).

Dans mon esprit "un dessinateur militant" n'est qu'une main qui reproduit ce qu'on lui dicte sous forme de dessin selon les circonstances, ce serait vraiment un frein terrible à la liberté et donc à la créativité !

Je dessine en accord avec ce en quoi j'ai foi (en tous cas à ce moment-là, qui peut dire comment les choses évoluent !).

J'ai déjà vu un dessinateur qui vomissait via internet sur les grèves des cheminots ( qui-prennent-les-usagers-en-otages ) se retrouver à dessiner dans un journal de gauche partisan de ces mêmes cheminots, un autre ayant joué le "jaune" (en acceptant d'avance la place d'un dessinateur délégué syndical si la direction le vidait) se retrouver à dessiner pour défendre une lutte syndicale et s'en targuer, un autre enfin moquer les valeurs du journal de gauche qui le publiait, etc...

Si être un "dessinateur militant" consiste à ne pas jouer à cette petite gymnastique et avoir des convictions alors oui, là je veux bien dire que je suis un "dessinateur militant" mais bon, c'est vraiment restrictif comme terme !

J'essaie autant que je peux de ne pas me trahir moi-même et ne pas me faire honte, c'est pas grand chose.

La diversité de mes interventions dessinées dans le mouvement politique et social ?

Franchement, je ne vois rien de très précis à répondre sur ce sujet étant donné que c'est un peu ma source principale de travail et d'inspiration. J'ai fait quelques BDs pour la CGT-Construction (sur les travailleurs low-cost ou récemment sur la reconnaissance amiante des Ponticelli) destinés à des gars souvent peu enclins à lire des pavetons de texte, des illustrations en aquarelles sur les populations nomades du Nord-Mali pour un carnet de voyage à destination d'un projet de promotion des cultures Touaregs, des illustrations de polars co-écrits en atelier d'écriture par Ricardo Montserrat et (par exemple pour le dernier ouvrage publié) les mineurs marocains retraités des mines du Pas-de-Calais, des interventions ateliers-dessin de presse dans des quartiers populaires au Sénégal (ça m'a valu de rentrer avec la tuberculose, 1/5e de poumon calcifié, va falloir que j'arrête de cloper quand même mais je veux soutenir les camarades de la SEITA), des interventions dessin-bd en centre fermé avec des djeunes délinquants, des ateliers-bd avec un public en phase de ré-alphabétisation, une bédée humoristique échangée à Calais (y'a un bail) contre des jouets pour le Noël des gamins défavorisés, etc... J'ai aussi réalisé des dessins en direct pour des congrès CGT mais aussi pour des congrès sur l'économie responsable, sur les acteurs de l'éducation sociale, avec la protection judiciaire de la jeunesse, sur la culture populaire, etc... Et puis des dessins de presse bien sûr, des dessins d'actu et encore des dessins sur différents sujets, sur différents supports.

Celui à qui je m'adresse en priorité, c'est con à dire mais évident : c'est le lecteur !

Après, qu'il soit cadre sup', précaire, prolo, patron, de droite, de gauche, breton, martien, etc., je n'ai pas la prétention de cibler et encore moins celle d'être "porteur de la bonne parole".

Je donne un point de vue , j'essaie d'éclairer un angle, un détail ou au contraire de donner une vision d'ensemble, ou alors simplement de susciter un sourire.

Plus mes dessins sont lus, plus je suis content et ça m'amuse même parfois d'imaginer comment tel ou tel de mes dessins peut être perçu par un lecteur selon qu'il soit de telle ou telle catégorie socio-professionnelle, opinion, région, etc.

En ce sens, mon meilleur souvenir de collaboration reste mon boulot de dessinateur quotidien au sein de feu France-Soir !

- Je comprends bien tes réserves sur cette notion de "dessinateur militant", mais finalement le dessinateur dans la presse est toujours soumis à une ligne, qu'elle soit éditoriale ou politique (ce qui revient au même). Tu ne pouvais certainement pas dessiner des “grosses quéquettes” dans France-Soir, si ?

Sûr qu'il y a toujours, dans chaque publication, une ligne éditoriale plus ou moins bien définie. Vu le nombre de lignes éditoriales différentes d'un titre à un autre, j'irais presque jusqu'à dire que c'est heureux dans le sens où c'est aussi une résultante de la démocratie et de la pluralité de la presse. Après, en connaissance de cause, charge au dessinateur de dire oui ou non. Je ne comprends pas comment on peut dégueuler sur la ligne éditoriale d'un journal et continuer à y dessiner ! Il ne faut pas espérer arriver à caser un dessin pro-végétarisme dans Le chasseur français, par exemple !

Ceci dit, il y a parfois d'autres cas, des non-dits sur les lignes éditoriales, c'est dans ce cas plus vicieux, comme cette fois où, travaillant alors pour un quotidien pour ados, afin d'illustrer la journée de sensibilisation contre le SIDA on m’a fait recommencer 3 fois mon dessin avant de m'avouer : "tu comprends, on a beaucoup d'abonnés dans les écoles privées et que tu fasses systématiquement référence au préservatif pourrait les choquer". J'ai fini par leur faire un dessin grotesque avec une gentille abeille et une petite fleufleur (c'était ça où leur recommander de se laver les organes sexuels internes ou externes avec un mélange d'eau de javel et de soude caustique).

Mais en général, personnellement, je n'ai aucun souci avec ça. A France-Soir j'avais une très grande liberté de ton, j'y ai toujours adopté le même esprit que d'habitude à travers mes dessins. J'aimais beaucoup travailler avec cette équipe, ce sont eux qui m'ont contacté pour leur nouvelle formule et après s'être rencontré et avoir défini le rôle de chacun, le courant est bien passé sans jamais un pet de travers jusqu'à la fin.

Si Le Figaro m'avait proposé les mêmes possibilités d'expression, je n'aurai pas pu dire non. Je n'ai rien contre Le Figaro, mais si son équipe me demandait de dessiner pour eux en collant aux idées qu'ils y défendent dans leur ligne éditoriale, là, même si je le voulais, je ne le pourrais pas, ce serait un système de valeurs et de raisonnement qui me serait trop éloigné pour que j'arrive à y trouver ne serait-ce qu'une once d'inspiration pertinente et/ou humoristique !

L'histoire de dessiner une grosse quéquette est une image, et si à France-Soir je n'ai pas eu l'occasion d'en dessiner, c'est simplement parce que je ne voyais pas l'utilité d'en faire figurer dans les dessins concernant les thèmes qu'on me communiquait. Mais à décharge, j'ai pu y dessiner un mec avec une ampoule dans le cul, c'est déjà ça. Et puis je ne m'attable pas au travail le matin en me disant "tiens, qu'est-ce que je vais bien pouvoir trouver comme excuse dans l'actualité aujourd'hui pour dessiner une grosse biroute ou un autre truc dégueulasse ?" Par contre, ne pas pouvoir faire plus d'humour noir et/ou absurde et/ou crado (comme à Charlie-Hebdo par exemple) me manque parfois. Actuellement je ne travaille pour aucun titre friand de ce genre de galéjade, aussi quand j'ai une idée dans ce registre-là j'essaie de l'oublier en me disant que personne ne me la publiera.

C'est l'avantage de travailler pour différents titres, on peut user de différents registres : il y a quelques années je bossais à la fois pour L'Humanité, pour Psikopat, pour un journal municipal, pour un titre de la filiale française de Penthouse (Play in the house), pour une émission politique sur France3-régional et pour un petit magazine gay et lesbien (Hercule et la toison d'or), j'avais alors une large palette à disposition. D'un autre côté, d'autres fois, je regrette de ne pas travailler quotidiennement pour un seul titre, faire partie de l'équipe rédactionnelle, faire vraiment partie de l'aventure, etc.

- "Babouse", c'est un drôle de pseudonyme pour un dessinateur de presse ?!

En fait ce n'est pas un pseudo, c'est un surnom. En plus un surnom gentiment péjoratif à tendance fortement ridicule. En 1990, j'entre aux Beaux-Arts de Dunkerque (un an d'études avant de me dire que , non, pour moi chier dans des petits pots et les exposer ensuite sur une étagère je ne trouve pas que ce soit ni de l'Art, ni de l'art).

En pleine période romantico-baba-cool, Patchouli, cheveux longs, Steve Hillage, Jethro Tull, Ange, Malicorne, Michel Sardou ( heu...non, pas Michel Sardou), jean élimé, boucle d'oreille indienne, côte de maille en badges , la totale... à peine arrivé j'entends des "whaa le babouse hé!" railleurs de la part d'autres étudiants. On se lie d'amitié mais ça reste et on continue à m'appeler "le babouse"( ce qui signifie en gros "le baba qui sent la bouse", un truc dans ce goût-là alliant tout à la fois finesse et poésie ), puis simplement "Babouse" (avec un "S", sinon ça ne fait pas bien "bouse"). Comme je dessinais déjà (à l'époque, en pleine guerre du golfe number ouane je crobardais dans Urgence pacifiste, Union pacifiste, Le Monde libertaire et quelques autres fanzines et titres de circonstance) et que signer de mon vrai nom c'était pas top ("Monier", banal et en plus y'en avait déjà un autre de Monier qui dessinait) tout comme mon prénom ("François-Henry", ce qui me force toujours à expliquer que non, je ne suis pas fils de rupin mais juste victime d'une superstition familale longue à expliquer), j'ai décidé de signer BABOUSE et puis c'est resté. Certains potes de longue date on même du mal parfois à se souvenir de mon vrai nom.

Dans ces années là des potes me disaient que j'étais con, avec un blaze aussi tarte je n'arriverais jamais à caser des dessins quelque part mais comme il n’y avait rien d'autre qui me venait, je n’avais pas trop le choix et maintenant, quand on m'appelle et qu'on tombe sur ma femme, ça arrive qu'on lui demande "Allo, madame Babouse?".

Et puis à l'époque avec les potes on était assez branché autodérision, comme ces copains qui fin 80's avaient formé un groupe (qui fit sa petite carrière sympa) en s'appelant "Marcel et son orchestre".

Ceci dit, quand j'y pense, j'aurais quand même dû signer "François-Henry", ça en jette plus et ça fait se trémousser les cons.

Ce qui est marrant c'est qu'il y a quelques temps, un disons "détracteur", m'a lancé pour me rabaisser que "dans BABOUSE il y a BOUSE" (caustique hein!). J'avais envie de lui dire que oui, c'est vrai, et c'est d'ailleurs pour ça que....mais bon.

- Urgence pacifiste, Union pacifiste, Le Monde libertaire … La révolte te tombe dessus dès ta prime jeunesse. Ce sont tes grands-pères mineur syndiqué et cheminot anarchiste qui t’ont mis le pied à l’étrier ?

Je ne pense pas qu'on puisse parler de révolte mais plutôt de "lucidité", de ne pas toujours croire que ce qu'on nous présente est inéluctable et sans alternative, que le serveur soit de droite, de gauche ou autre.

La révolte, sans réflexion, sans analyse, ce n'est qu'un soufflet de circonstance condamné à retomber à plus ou moins court terme.

Je crois que le plus important est d'avoir des valeurs, tout simplement, et d'être conscient de ce qui se fait et de ce qui ne se fait pas, de ce qui est ne serait-ce qu'acceptable, et de ce qui est dégueulasse.

Je ne crois pas vraiment à une sorte d'héritage familial même si, bien sûr, il y a sans doute eu des influences (on a toujours beaucoup causé actualités et politique chez moi et à 8 ans je recopiais les dessins du Canard Enchaîné familial) et une sensibilisation précoce à ces choses-là. Mon frangin et ma soeur par exemple ne sont pas aussi sensibles que moi à l'actualité. Sans même parler de ces fils et filles de mineurs syndiqués et autres rejetons de prolos devenu(e)s militants du FN !

Ma première manif date de 1986 , à l'époque contre la loi dite "Devaquet" (qu'il est plaisant de se dire que plus personne ne se souvient de ce brave monsieur !), et en fait c'est à ce moment là que j'ai vraiment commencé le dessin d'actualité, même si dès la 6°eme j'étais engagé dans un club journal à faire des dessins contre le racisme ou pour expliquer la situation des pays du tiers-monde.

Ou alors c'est quand j'avais 10 ans, qu'on avait emmené ma classe voir le président de la République en visite dans le coin et que François Mitterrand m'avait serré la main. Je ne sais pas, si ça tombe, il m'a transmis une saloperie de virus , des miasme qui jouent sur les connexions endocriniennes, un champignon qui atteint le cervelet, ...va savoir ! ( En tous cas j'ai rien à la prostate, ça, c'est fait!).

- On définit le plus souvent un dessinateur de presse au travers de ses collaborations, des journaux dans lesquels il publie. Qu’en est-il de l’histoire de ton style graphique et de ton humour, comment l’un et l’autre se sont-ils fixés à à quel moment ? Avec quelles influences ? En fin de compte, le style, ça peut devenir un carcan ?

C'est une question compliquée qui demanderait que je contacte ma mutuelle pour savoir jusqu'à combien je suis pris en charge pour une longue psychanalyse. Comme je ne sais pas par où commencer, je vais faire ça chronologiquement. J'avais 8 ans quand pour la première fois j'ai dis que plus tard je voulais être dessinateur (sur le coup ça a fait sourire mes parents, c'est après qu'ils ont commencé à pleurer), je recopiais alors tout ce qui me tombait sous la main comme dessin, surtout mes albums d'Hergé et les dessins de Jean-Claude Poirier (que j'adorais dans Pif Gadget avec son Supermatou). Après je me suis fait une fixette sur Cabu dans Le Canard enchaîné qui a été drôlement aggravé avec RécréA2 (sur Antenne2) lorsque Cabu a commencé à apprendre étape par étape à dessiner des caricatures de stars de l'époque. Je faisais déjà des petits dessins pour les copains en primaire, des caricatures, des Goldoraks, etc., et surtout des BDs. A 11 ans, j'avais fait une grande bd où un savant fou créait des monstres pour contrôler le monde, le méchant avait la tronche d'Hitler dessiné par un Cabu qui aurait voulu copier le fils qu'Hergé aurait eu avec Franquin.

Au collège, en 6ième, le choc absolu de ma vie : un pote me prête un album de Gotlib ! Je ne me souviens pas avoir autant ri ouvertement en lisant une bédée, j'étais sur le cul ! Mes caricatures ont suivi le changement, un vague mélange entre Cabu et Gotlib (j'avais le droit de rester assis pendant le cours de sport si je faisais la caricature du prof d'EPS).

Pendant des années, j'ai dessiné comme Gotlib si Gotlib avait mal dessiné, au lycée je faisais, obligé, des BDs sur les profs, ça circulait en photocopies mais bon, ça restait du sous-Gotlib légèrement teinté d'autres influences (j'étais déjà amoureux de Franquin, le maître absolu, mais aussi d'Edika, de Tardi, Carali, Margerin, etc... Je lisais beaucoup de BDs mais surtout énormément de magazine avec des dessins et de la bd : Antirouille, Spirou, Strange, Fluide Glacial, Pistil, L'Echo des savanes, etc.).

Au bout d'un moment je pensais avoir trouvé mon style, il y avait déjà les gros yeux ronds mais plus de détails, des hachures partout, des petits points, les poils des doigts dessinés un par un (j'aime beaucoup le style dessin de presse anglo-saxon comme Kal) mais les potes me disaient toujours, pensant me faire plaisir "on dirait presque du Gotlib". Ca me désespérait car je savais que, forcément, c'était et ce serait toujours moins bien que l'original. Alors un jour j'en ai eu marre et j'ai décidé de tout reprendre depuis le début. J’ai commencé à dessiner façon "bonzhommes têtards" comme les mômes, un truc très simpliste, comme j'adorais le non-sens et les histoires absurdes ça collait bien. Petit à petit, mon dessin à commencé à se remplumer, à être plus élaboré et puis ça a évolué lentement.

Mes premiers dessins publiés dans la presse professionnelle datent de cette époque avec comme héritage de mon retour aux "bonzhommes têtards" l'absence de nez et d'oreilles. Quand je revois ces dessins maintenant j'ai envie de me noyer dans le "liquid paper" ! C'était contraignant et de plus en plus bizarre comme style, alors après bien des hésitations et des essais, j'ai ajouté nez et oreilles. Petit à petit ça s'est affiné, le style s'est lentement posé même si encore aujourd'hui je sais que ça continue d'évoluer, notamment si un copain me fait une remarque sur un détail (depuis que Ranson m'a fait remarquer que tous mes personnages avaient l'air en survêtement, je dessine les cols de veste par exemple).

Je ne vois pas ce style comme un carcan, au contraire, ça m'amuse de jouer avec ses contraintes, d'y trouver de nouveaux codes graphiques, de jouer avec même si je sais d'avance (en tous cas je l'espère) qu'il va continuer à évoluer, sans doute lentement ou par à coups. Je ne vois pas du tout ça comme quelque chose de gravé dans le marbre, de figé à jamais.

Pour ce qui est de l'évolution de l'humour, je crois que, à l'origine en tous cas, c'est lié déjà au contexte familial. Dans ma famille on adore les blagues pourries et l'humour con, notamment avec mon grand-père qui m'abreuvait de Pierre Dac et de Raymond Devos sans parler de son goût prononcé pour tout gag à caractère scatologique. Après je crois que ça vient des lectures, notamment de Fluide Glacial que j'ai commencé à lire à 12 ans, mais aussi de mon goût inaltérable pour les comédies françaises des années mi-60's/mi-80's (je suis un grand fan de Jean-Luc Bideau, Jean-Pierre Marielle, Pierre Richard mais aussi des films des Charlots avec une préférence pour "les Charlots font l'Espagne", mais bon, ça c'est parce que je suis un intellectuel du cerveau ) et du cinéma plus ou moins expérimental de cette époque ("Voyage en grande Tartarie" de J-Charles Tacchella avec Jean-Luc Bideau est un de mes film culte avec "Comme la lune" de Joel Serria avec Jean-Pierre Marielle, "Calmos" de Bertrand Blier ou "l'aventure c'est l'aventure" de Claude Lelouch ).

C'est difficile de décrire l'évolution de son humour, je n'y ai jamais songé ! A en croire ma femme, depuis mes 12 ans il n'y a pas eu d'évolution alors... Avec des copains, on se fait encore des soirées pourries à écouter Michel Sardou entonner "dans les viiiilles de grande solituuuuude...". C'est pourri, c'est macho, c'est sexiste, c'est con, c'est lourd, c'est ringard au possible et on adore ça !

J'ai aussi beaucoup été aidé à mes débuts par Choron, qui ne partageait pas trop mon goût de l'absurde et voulait que je bosse plus le Gag, et par Faujour ou Carali (entre autres) pour la bonne compréhension de mes dessins de presse. Avant j'avais tendance à être trop bavard dans les bulles, ça alourdissait tout. Le problème c’est quand on a une idée de dessin, on le voit dans sa tête non pas comme un dessin mais comme une scénette, un sketch. Ce qui m'amuse toujours le plus à la base ce sont les contradictions et l'absurdité du monde, source inépuisable d'inspiration, que ce soit en dessin de presse (perso je préfère dire "dessins d'actualité") ou en BDs .

- Parlons un peu de la "tambouille" du dessinateur. Quand tu réalises un dessin pour l'Huma, comment ça se passe, quelles sont les conditions? Qui décide du sujet, comment tu travailles de la "commande" à la publication dans le journal ? (recherches d'idées, croquis, dessins, mise en couleur, etc. )

Chaque mardi, L'Humanité publie mon dessin. Je commence ma recherches d'infos, ma revue de presse le dimanche. En général j'ai déjà une vague idée des sujets que je vais traiter et parfois quelques idées de crayonnés sur un cahier. J'essaie de ne pas tomber dans la facilité et je jette pas mal d'idées (genre "on va VALLSer" ou, en cas de guerre, une petite colombe de la paix qui pleure ou encore écrire "machin fait un geste pour bidule" et dessiner un bras d'honneur). Comme je suis un peu con, pour un dessin publié le mardi, j'en propose toujours au moins 3 finis, comme ça ils ont le choix et ne sont pas coincés.

Parfois je fais des recherches au crayon sur une feuille de brouillon si un truc me pose problème (une perspective de bagnole par exemple ou un mouvement inhabituel d'un personnage). J'ai un format à respecter, je le trace plus ou moins, je fais mon crayonné, ensuite j'encre le texte au feutre puis le dessin au pinceau rechargeable (je préférerai à la plume, on peut faire plus de détails, poser plus de décors, les pleins et les déliés sont plus fins mais le temps presse toujours !), je gomme, je scanne puis je mets en général les couleurs à l'ordinateur le lundi avant d'envoyer les dessins par mail à la rédac.

Il y a pas mal d'années, je faisais les couleurs à l'aquarelle mais c'est beaucoup trop long et comme je faisais ça directement sur l'original, si je me plantais j'étais bon pour tout recommencer. Au début j'ai eu du mal avec les couleurs faîtes à l'ordinateur mais maintenant je me sens beaucoup plus à l'aise. Il y a encore quelques semaines, l'Huma me commandait aussi un dessin pour un supplément de l'édition du jeudi qui n'existe plus maintenant. On me contactait alors dans la journée du mardi, voir du mercredi, on me donnait soit l'article à illustrer, soit l'info en résumé si l'article était en cours d'écriture. Je cherchais alors différents angles d'approche me suggérant différentes idées, j'en choisissais une et hop, je me mets sur mon antique table à dessin que je me suis acheté à 16 ans, ce qui fait que j'ai toujours un peu de mal à me tordre pour dessiner si je ne bosse pas sur un plan incliné, c'est ballot !

- Je trouve important également d'évoquer la question des stéréotypes. Le patron avec un gros cigare, l'ouvrier en salopette, le d'jeune avec sa casquette, le black à cheveux crépus ou la femme en mini-jupe : l'efficacité veut que l'on s'appuie sur les codes dont se nourrissent nos imaginaires, car il faut bien se faire comprendre, mais les stéréotypes ne sont-ils pas de plus en plus décalés par rapport au réel ? Tes lecteurs "ouvriers" se reconnaissent dans ta manière de dessiner les ouvriers ?

Il y a certainement un décalage entre les stéréotypes usinés dans le dessin de presse et la réalité, mais comme de toute façon on est dans la caricature, personnellement ça ne me pose aucun problème. Le principal étant d'être compris rapidement par le lecteur, qu'il puisse d'un coup d'œil identifier les acteurs du dessin et les placer dans le contexte. Je pense donc que oui, un ouvrier est en mesure de comprendre qu'un personnage doté d'une casquette et d'un bleu de travail représente l'ouvrier. Cependant, après il y a le cas des salariés du tertiaire par exemple. Là, difficile de les représenter en salopette ! Dans ce cas, en général, selon les cas, j'opte pour la veste normale, et la chemise sans cravate. Et puis les ouvriers en salopette existent toujours, tout comme les patrons à gros cigares (Pierre Gattaz est un délice, une vraie caricature à lui tout seul !) .

Dans la réalité, il est certain que maintenant ce sont les patrons, qui ont les moyens de se nourrir correctement et le temps pour prendre soin de son corps, qui sont d'une corpulence normale sinon athlétique, et les prolos, contraints de se remplir l'estomac de bouffe discount tout en étant trop crevés et trop accaparés pour faire attention à leur silhouette, qui ont tendance à l'obésité. Pareillement, on ne voit plus de vêtements rapiécés, même le pauvre peut avoir des vêtements présentables, du made in china ou bengladesh parce qu'il n'a pas le choix, c'est de la merde mais c'est pas cher, ça peut faire illusion, et ça c'est très chiant à représenter. On peut vite croire que, si on représente un prolo en jogging pourri, c'est pour se foutre de lui.

Dans mon boulot j'ai un style de patron type qui m'est venu tout seul avec le temps, la cravate, les lunettes, les cheveux grisonnants, bedonnant, petite moustache, cigare,...en fait c'est une espèce de combinaison entre Jean-Pierre Darras, Bernard Blier et Jean-Marc Thibault… On a les références qu'on peut !

Récemment, je voulais dessiner un couple de bourgeois "vieille France", je me suis amusé à représenter Jean-Pierre Darras et sa femme qu'on voit dans le film "la carapate"(Gérard Oury-1978), je ne sais pas si quelqu'un d'autre s'en est rendu compte. Le dessin a été publié dans L'Huma, mais j'avais trouvé que ça collait parfaitement.

“JE NE ME VOIS PAS DU TOUT COMME UN DESSINATEUR MILITANT” : entretien fleuve avec Babouse (Humanité, Nouvelle vie ouvrière, ...)

- C’est drôle ça, des sortes d’images cachées… Pour terminer cet entretien fleuve, j’aimerais connaître ton sentiment sur l’évolution du métier ces dernières années. Quel rôle joue internet dans tout ça ?

Je te remercie d'employer le terme de "métier", à mon avis c'est surtout en fait là dessus que je sens une évolution. Outre le fait qu'il devient pour tout le monde de plus en plus difficile d'en vivre (mais ça, je crois que ce n'est malheureusement pas spécifique au monde des dessinateurs de presse), le recours systématique de plus en plus de rédactions (notamment web) à des dessinateurs bénévoles non rétribués ne va pas arranger les choses pour ce qui est de défendre les droits des dessinateurs. Ne serait-ce qu'à faire reconnaître qu'ils se sont longuement formés pour cet exercice et qu'il doit être reconnu comme un véritable travail. Imagine un gars sortant de l'école avec son CAP-mécanique et qui ne trouve pas de boulot parce que les garages trouvent plus intéressant d'embaucher des amateurs passionnés de mécanique pour que dalle, il tirerait quelle tronche le gars ?

C'est fou ce que la pratique qui consiste à commander un travail à titre gratuit se développe et à chaque fois avec la même justification : "oui mais vous allez y gagner en visibilité !" A croire qu'on bouffe et qu'on paie nos factures avec de la visibilité… Si tout le monde refusait, on pourrait alors enfin tenter de faire respecter la grille des tarifs minimums qui existe (peu le savent, encore moins s'en soucient) et est rediscutée régulièrement entre les directions des médias et les syndicats. Mais pour ça, il faudrait déjà qu'il y ait plus de solidarité dans ce milieu et ce que je vois se généraliser de plus en plus depuis quelques années, c'est le "chacun sa gueule".

A ça s'ajoute la recherche du moindre coût pour les rédactions, phénomène accentué par la crise de la presse mais qui touche aussi bien le papier que le web. On ne cherche plus un style, encore moins un genre de dessin, d'humour ou d'analyse, on cherche celui qui sera le plus conciliant (la touche d'impertinence, oui, mais que sur le dessin, certainement pas dans les rapports entre employés et employeur !) et qui acceptera le plus facilement une paie au rabais (pas de paie du tout étant un must!). Bref, on nous pousse de plus en plus à nous mettre en concurrence alors que, visuellement, comment comparer par exemple Boll avec Charb ou Berth avec Chappatte ? Chacun a son style, son humour, son univers, ... comment pourrait-on les mettre en concurrence ?!

Il y a quelques mois, un canard m'a demandé mes tarifs (ça, c'est le genre de truc qui me laisse dubitatif, la direction même pas foutue de définir combien elle paie ses employés !). Je savais que dans ce canard officiait un collègue depuis de nombreuses années. Je lui ai écris, je lui ai expliqué la situation, il m'a communiqué combien il était payé et j'ai envoyé un tarif monstrueux à cette rédac, le tarif du copain auquel j'avais ajouté 100 euros de plus par dessin. Je n'ai jamais eu de réponse mais le collègue au moins y bosse toujours. Si j'avais accepté une paie inférieure il aurait été dégagé pour me céder la place.

Si ça continue, j'ai l'impression que d'ici peu on ne sera vraiment plus beaucoup à être reconnus comme professionnels, encore moins à avoir une carte de presse. J'avais déjà déchanté il y a 20 ans en arrivant dans le milieu, pensant naïvement que ce devait être une grande bande de potes rigolards… Quand tu vois que maintenant certains écrivent même aux rédacs où tu bosses en proposant de bosser 6 mois gratos "à l'essai" pour avoir ta place...! Bien sûr, peu t'en parleront car tu as beau faire un métier qui prêche avant tout la liberté d'expression, il n'est pas du tout de bon augure de se faire remarquer, d'ouvrir sa gueule, surtout d'évoquer le sujet de ces mecs qui sont prêts à te saborder et à saboter le métier ne serait-ce que pour voir un de leur dessin publié et si possible, Ô orgasme niagaresque suprême, l'apercevoir 10 secondes chez Ruquier le samedi soir !

Pour ce qui est du web plus précisément, en tant que nouveau support de médias et donc nouvelle possibilité de publier du dessin de presse, ce ne peut-être que bénéfique même si j'avoue que personnellement je reste très attaché au papier (mais bon, j'écoute encore des vinyls alors...). En dehors de la création de nouveaux médias numériques qui ne peut être qu'une bonne chose, la seule chose que je crains pour la presse-papier, au delà du simple cas du dessinateur, est que le passage du papier au web qui tend à prendre de l'ampleur ne soit en réalité que le cache-sexe d'un dégraissage massif de l'ensemble des rédactions et de ses droits.

- Comment juges tu les quelques journaux emblématiques qui publient en France du dessin d’actualité. Tu n’as jamais collaboré à Charlie Hebdo ou Siné Mensuel par exemple ?

Je n'ai jamais rien proposé à Siné-Hebdo, même si j'y compte pas mal de copains.

J'ai publié quelques piges dans Charlie mais j'avoue avoir laissé tomber depuis pas mal de temps : je proposais une petite dizaine de dessins chaque semaine pour au mieux en avoir 1 ou 2 de retenus, ça me demandait pas mal de travail et quand tout partait à la corbeille je me disais que j'avais encore perdu mon temps. Sans compter que ça me foutait un cafard monstre.

J'aime beaucoup Charb et je crois qu'il fait tout ce qu'il peut pour Charlie mais, parfois, certains dessins publiés me laissent songeurs quant à leur portée humoristique. Je n'ai pas vraiment d'avis sur ces journaux emblématiques, que ce soit le Canard Enchaîné, Charlie-Hebdo, Siné-Hebdo, etc... c'est un peu le Graal pour tous les dessinateurs, moi compris ! Quand je croyais encore que j'y avais mes chances, j'avais demandé à un dessinateur d'expérience « qu'est-ce que je peux faire de plus ? ». Il m'avait répondu : « on ne te voit jamais dans les soirées ». Que répondre à ça ?

- Depuis quelques années, Cartooning for peace et Plantu ont acquis une très grande notoriété. Très récemment, un film présenté à Cannes caractérise les caricaturistes comme des « fantassins de la démocratie ». Qu’en penses-tu ?

Ben, heu...tant mieux pour eux! Je n'ai pas grand chose contre Plantu, pas grand chose pour non plus, déjà on ne joue pas dans la même catégorie. Faire un dessin quotidien depuis tant d'années dans le même journal, ça force un peu le respect, même si je trouve ses idées parfois assez étranges (si ça c'est pas un euphémisme de faux cul de première, je ne m'y connais pas !) ! "Cartooning for Peace" ça ne mange pas de pain, mais ce n'est pas ma tasse de thé. Tu connais un dessinateur qui est pour la guerre toi ? Même le dernier des cons qui tente de justifier une guerre te dira que c'est pour mieux défendre la paix, la démocratie, les droits de l'Homme, et tout plein d'autres trucs qu'à force de les rabâcher, on a l'impression trop souvent que plus personne ne semble savoir à quoi ils correspondent exactement.

"Cartooning for Peace" c'est un peu le club de Plantu, figure de référence du dessin de presse en France, c'est bien d'y rentrer, ça peut ouvrir des portes. Même si tu es infoutu de situer la Syrie sur une carte, tu exposeras à côté de Plantu, tu pourras même diffuser la photo sur les réseaux sociaux, te faire inviter, et tu ne te poseras pas plus de question lorsque ton club recevra un prix de la part de l'ambassadeur du Qatar en décembre 2010 (démocratie à la pointe des droits humains s'il en est) parce que le Qatar déjà c'est loin, qu'il file quand même un chèque de 10 000 euros au club, que t'es infoutu ne serait-ce que d'écrire QATAR correctement et qu'en plus ça fait une photo de plus à mettre sur facebook. Ca me fait penser à ces types que j'ai vu avec des t-shirt pacifistes mais qui faisaient quand même l'armée parce que sinon, objecteur de conscience, c'était 10 mois de « service » de plus !

Pour ce qui est de "fantassins de la démocratie", c'est mignon. Déjà, en tant qu'ancien objecteur de conscience (on voulait que je sois lieutenant, commander à des hommes alors que même mes vieux clebs ne m'obéissent pas), ça me ferait bien chier qu'on me traite de fantassin de quoi que ce soit !

Je ne vois pas en quoi un dessinateur de presse peut être à l'avant garde de la démocratie ! C'est oublier un peu vite le tas de dessins de presse dégueulasses qui ont été publié ou sont encore publiés (je me souviens il y a une dizaine d'années avoir vu des caricatures de Fabius digne de "sachez reconnaître un juif" dans un canard d'extrême droite), sans compter qu'il y a eu et qu'il y aura toujours des dessinateurs publiés pour la plus grande gloire des pires saloperies (voir la presse du 3° Reich, la presse belliciste de 1914-1918, la presse coloniale de la grande époque, la presse antisémite, etc...). Je ne vais pas recommencer l'article consacré à ce sujet que tu as publié sur "Caricatures et caricatures", il me suffirait de faire un copier/coller.

Mais bon, c'est dans l'air du temps : ça ne change rien, ça n'a absolument aucune profondeur, ça rassure le public, ça cause politique mais pas assez pour qu'on s'engueule alors ça va, on se dit que c'est bien, on a nos héros, c'est bien des héros, quand on les regarde ça permet d'oublier combien soi-même on est lâche.

Personnellement, j'aurais préféré qu'à Cannes soit projeté le documentaire sur les dessinateurs de BDs qui crèvent la dalle à moins d'un SMIC par mois malgré tout le pognon que les maisons d'édition se font sur leur dos (« Sous les bulles » de Maïana Bidegain). Mais à Cannes, brrrr , faut pas chier dans le ventilo quand on ne demande qu'à s'aérer le neurone.

Le rôle du dessinateur de presse est avant tout, d'après moi, de courir dans tous les salons de BD et de dessins en France comme en pas-France, de voyager à l'œil (ou les deux si les organisateurs du salon ont les moyens), de se goinfrer autant que possible (prévoir son doggy-bag!), chouraver un max de rouleaux de papier hygiénique dans les hôtels où on l'héberge à l'œil (les revenus du dessinateur de presse étant précaires il est de bon ton de tirer chaque situation à son profit), d'engranger autant de liquide que peut en supporter sa capacité stomacale, de distribuer un max de cartes de visite après avoir danser nu sur sa table puis de rentrer chez lui expliquer à sa femme qu'il a eu une dure semaine de travail et que c'est pour ça qu'il a les yeux tout gonflés et qu'il a vomi dans sa valise pleine de rouleaux de PQ.

Plus sérieusement, je crois le dessinateur de presse sert avant tout à apporter une valeur ajoutée à la compréhension d'une information et que, dans la mesure du possible, il doit le faire avec humour, que cela ne provoque qu'un vague sourire ou une forte hilarité. C'est assez vague, mais je crois que le plus important pour un dessinateur de presse reste prioritairement qu'il fasse réagir le lecteur, il n'y a pas pire dessin de presse que ceux qui laissent de marbre, et c'est là toute la difficulté, mais aussi tout l'attrait de l'exercice.

Ceci dit, je ne pense pas qu'on puisse réellement définir le rôle du dessinateur de presse comme ça, dans une petit case avec sa définition punaisée au dos, c'est un peu comme si on demandait "à quoi sert un écrivain". Je crois que chaque dessinateur a sa propre approche, sa propre conception du métier et de son rôle, qu'en plus rien n'est figé et que tout fluctue sans arrêt au gré des collaborations, de l'actualité, des contraintes,... C'est ce qui fait tout l'intérêt et toute la richesse du dessin de presse !

Entretien réalisé par mail entre Babouse et Guillaume Doizy, juin 2014

Dessin inédit

Dessin inédit

BD pour la NVO

BD pour la NVO

Dessin réalisé pour une exposition organisée par Berth près de Besançon

Dessin réalisé pour une exposition organisée par Berth près de Besançon

Dessin réalisé pour la couverture de "mine de rien" par Ricardo Montserrat aux éd Baleine

Dessin réalisé pour la couverture de "mine de rien" par Ricardo Montserrat aux éd Baleine

Dessin publié dans Charlie Hebdo

Dessin publié dans Charlie Hebdo

Dessins sur le Mali, 2007
Dessins sur le Mali, 2007

Dessins sur le Mali, 2007

Dessin réalisépour un ouvrage co-écrit avec d'anciens mineurs marocains (2014)

Dessin réalisépour un ouvrage co-écrit avec d'anciens mineurs marocains (2014)

“JE NE ME VOIS PAS DU TOUT COMME UN DESSINATEUR MILITANT” : entretien fleuve avec Babouse (Humanité, Nouvelle vie ouvrière, ...)
“JE NE ME VOIS PAS DU TOUT COMME UN DESSINATEUR MILITANT” : entretien fleuve avec Babouse (Humanité, Nouvelle vie ouvrière, ...)
“JE NE ME VOIS PAS DU TOUT COMME UN DESSINATEUR MILITANT” : entretien fleuve avec Babouse (Humanité, Nouvelle vie ouvrière, ...)
“JE NE ME VOIS PAS DU TOUT COMME UN DESSINATEUR MILITANT” : entretien fleuve avec Babouse (Humanité, Nouvelle vie ouvrière, ...)
Dessin pour un club de Solex, mars 2013

Dessin pour un club de Solex, mars 2013

Dessin publié dans l'Humanité, 2014

Dessin publié dans l'Humanité, 2014

Dessin publié dans l'Humanité, mai 2014

Dessin publié dans l'Humanité, mai 2014

Strip pour Fluide glacial

Strip pour Fluide glacial

"La Grande Guerre des images", une contribution de Nicholas-Henri Zmelty

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"La Grande Guerre des images", une contribution de Nicholas-Henri Zmelty

On lira avec intérêt le compte rendu d'une séance de séminaire tenue le 29 mai 2013 et organisée par l'historienne de l'art Laurence Bertrand-Dorléac :

Nicholas-Henri Zmelty est docteur en histoire de l’art contemporain. Chargé d’études et de recherches à l’INHA de 2005 à 2009, enseignant-chercheur vacataire à l’Université de Picardie Jules Verne (Amiens) de 2006 à 2012 et à l’Université François Rabelais (Tours) de 2011 à 2012, il est aujourd’hui conservateur du Musée de Montmartre à Paris. Ses recherches portent essentiellement sur la question de l’image imprimée au tournant des XIXe et XXe siècles. Sa thèse (Prix du musée d’Orsay) consacrée à l’affichomanie en France autour de 1900 sera publiée aux éditions Mare & Martin au printemps 2014.

La grande guerre des images

Entre 1914 et 1918, la presse illustrée française donne à la guerre une visibilité fortement contrastée. Nous proposons d’envisager cette production de masse à travers une grille d’analyse thématique et de nous interroger sur ses liens avec la culture d’avant-guerre. Les représentations héroïques, humoristiques et érotiques dans la presse de la Grande Guerre sont abordées ici à travers l’étude des dessins du Supplément illustré du Petit Journal, du Rire rouge et du Sourire de France. Si leurs lignes éditoriales respectives n’empêchèrent pas l’interpénétration des genres, chacun de ces trois journaux peut individuellement être considéré comme emblématique dans sa manière de traiter ces questions de l’héroïsme patriotique des soldats, de l’humour et de l’érotisme en temps de guerre.

L’expression de l’héroïsme dans le Supplément illustré du Petit Journal

Le Supplément illustré du Petit Journal s’est ainsi imposé comme l’un des principaux vecteurs d’exaltation de la noblesse des combattants français… au prix de représentations des plus mensongères. Son prix raisonnable (cinq centimes l’unité) et ses tirages hebdomadaires avoisinant le million d’exemplaires en font le journal populaire par excellence. Sa forte diffusion a nécessairement favorisé l’importance de son impact sur les consciences.
Pendant toute la durée de la guerre, ses lecteurs ont été surexposés à une multitude d’images du combat qui comptent parmi les plus stéréotypées du genre. La charge à la baïonnette et la lutte au corps à corps ont inspiré bien des scènes héroïques à Damblans, illustrateur quasi-exclusif du journal pendant les trois premières années de guerre, à ses collaborateurs et à ses successeurs. Fantasmatiques à plus d’un titre au regard des réalités nouvelles de la guerre moderne, ces images s’intègrent dans une tradition de représentation qui conditionne les attentes des lecteurs-spectateurs. Les regards de 1914 sont en effet familiarisés avec les œuvres d’art et autres images en tout genre qui, avant-guerre, célébraient la vaillance des révolutionnaires de 1792, des troupes napoléoniennes ou des soldats de la guerre franco-prussienne de 1870-1871. La Grande Guerre ne fait que dynamiser la production de représentations de ce type. Complètement irréalistes, ces images ont pour seule vocation de convaincre l’opinion du courage infaillible des combattants sur le front. Les schémas de composition sont souvent identiques, la verticalité ou la puissance oblique des masses formées par les soldats français s’opposant à l’horizontalité ou à l’effondrement informe des troupes allemandes. De nombreux tableaux de batailles ont pu servir de maître étalon, La Révolte du Caire d’Anne-Louis Girodet (1810) comptant parmi les exemples les plus parlants.
À bien regarder les dessins du Supplément illustré du Petit Journal, les soldats français qui se jettent dans la mêlée au péril de leur vie semblent invincibles. La mort, quand elle est figurée, frappe essentiellement les Allemands. Le plus souvent, les Français ne sont que blessés, parfois grièvement, mais toujours au prix d’un acte héroïque. D’une manière générale, les représentations de la mort sont assez édulcorées pour paraître sous un jour acceptable. Alors que certaines photographies publiées dans des journaux tels que Le Miroir peuvent révéler de véritables scènes d’horreur (décapitation, amputations, etc.), les atteintes innommables que les armes modernes infligent aux corps des combattants n’apparaissent pas dans le dessin de presse. Que voulait-on masquer ? Les civils, et notamment les lecteurs du Petit Journal, étaient pourtant habitués aux unes sanglantes et macabres que l’hebdomadaire publiait avant-guerre avec un goût prononcé pour le sensationnel…

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Entre... chats : exposition de dessins de Siné, Vial, Dobritz et Dubout à St Just Le Martel

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Entre... chats : exposition de dessins de Siné, Vial, Dobritz et Dubout à St Just Le Martel

Le vernissage aura lieu le vendredi 13 juin à 18h30 à l’Espace Loup en présence de Didier Dubout, petit-fils d’Albert et de Jean Dobritz.

Les dessins présentés sont extraits de différents livres sur les chats :

Les chats de Dubout,

Ça suffit comme chats de Dobritz

Les chtas de Siné

Sales chats et le chat star de Nicolas Vial

Exposition ouverte du 16 juin à la mi-août du lundi qu vendredi de 9h à 12h et de 14h à 17h30. Entrée 3€

" L’AGE D'OR DE LA RECHERCHE SUR LA CARICATURE EST DERRIERE NOUS... " : entretien avec Guillaume Doizy

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" L’AGE D'OR DE LA RECHERCHE SUR LA CARICATURE EST DERRIERE NOUS... " : entretien avec Guillaume Doizy

Vous avez fondé en 2007 (7 ans déjà !) le site Caricatures&Caricature.com, l’objectif de départ est-il rempli ?

Guillaume Doizy : En partie seulement. En 2007, j’avais déjà publié deux livres sur la caricature anticléricale (A bas la calotte et Et Dieu créa le rire) et je ne trouvais pas sur la Toile de site de référence correspondant à mon centre d’intérêt, à savoir la caricature. L’Eiris (Equipe Interdisciplinaire de Recherches sur l’Image Satirique) disposait bien d’un site, mais totalement figé, rarement actualisé, avec très peu de contenu. Ce que je voulais, c’était non seulement centraliser l’actualité de la recherche sur la caricature, mais également donner de la visibilité aux chercheurs en republiant certains de leurs articles et justement donner du contenu en accès libre. Aujourd’hui, sur Persée, Cairn et Revues.org entre autres, on trouve des milliers d’articles en ligne (que Cairn fait payer sans d’ailleurs avoir contractualisé avec les auteurs, ce qui est tout à fait illégal). Mais en 2007, la matière était plus réduite, et la Toile ne fournissait pas d’outil purement consacré à la caricature.

Pourquoi « en partie seulement » ?

J’y viens, justement parce que si j’ai un peu réussi à centraliser les informations principales autour de l’actualité de la caricature, en privilégiant le point de vue de la recherche et de la réflexion, je ne suis pas parvenu à créer une dynamique suffisamment forte pour attirer les collaborations régulières. En gros, les chercheurs à qui je me suis adressé ont tous été d’accord pour que je republie un de leurs articles, mais pas plus. J’ai eu très peu de contenus inédits ou de propositions spontanées, même si au final plusieurs dizaines de passionnés, de collectionneurs, de doctorants ou de chercheurs ont un peu mis la main à la pâte. En gros, ce site est resté une œuvre trop personnelle, avec comme conséquence une omniprésence de mes écrits, de mes réflexions, de mes humeurs. C’est un peu de l’autopromotion, quoi !

Il faut savoir qu’en fait la plupart des profs de fac qui s’intéressent à la caricature le font de manière marginale par rapport à leur travail global, ou pour certains, c’est plutôt du passé. L’âge d’or de la recherche sur la caricature est derrière nous !

En ce qui concerne le site, le principe est simple : je publie toute info concernant la caricature que l’on m’envoie spontanément, même si cela me paraît moyennement intéressant. De mon côté, je me "décarcasse" pour repérer et annoncer ce qui me semble digne d’intérêt, ce qui permet de faire avancer la réflexion.

Une autre limite du site réside dans la faiblesse des échanges avec les internautes. D’après les statistiques données par l’hébergeur, le site a été fréquenté par un million deux cent mille « visiteurs uniques » depuis sa création et 3 millions de pages ont été vues, ce qui est honorable, mais finalement sans que se développe un véritable échange avec le public. On aurait pu imaginer que le site devienne un lieu d'échange avec le public, ce n'est pas vraiment le cas. Je reçois certes des demandes de renseignements, des propositions d’achat ou de vente de vieux papiers, des demandes d’interviews… Ou alors des étudiants qui espèrent me voir répondre aux questions que leur ont posé leur prof ! C’est donc de ce point de vue assez pauvre, une pauvreté qui se reflète dans le faible nombre de commentaires postés sous les articles.

Malgré cela, je reçois souvent des témoignages de gratitude, le site a sa petite notoriété. Il m’arrive d'être le destinataire de mails d’internautes très lointains, qui trouvent à alimenter leur passion via Caricatures&Caricature. C’est très stimulant ! Je suis également très heureux lorsqu’un collectionneur me contacte pour partager sa passion, m'aider dans une recherche, me demander un renseignement. Si la collection me semble conséquente et que son propriétaire paraît sympathique, je prends rapidement rendez-vous. C’est souvent l’occasion de rencontres passionnantes, autour de collections de toute une vie (la moyenne d’âge des collectionneurs de vieux papiers est assez élevée…). Pour ça, le site est très utile.

Vous semblez parfois régler vos comptes, avec une tendance à priser la polémique ?

On me reproche parfois de « flinguer » certaines publications ou des événements autour de la caricature qui n’ont même pas eu lieu. C’est un aspect du site qui n’a pas pris assez d’ampleur à mon grand regret : le débat. Quand je « flingue », c’est parce que je ne me retrouve pas intellectuellement dans la méthodologie choisie ou dans l’analyse. Mais je lance une bouteille à la mer en espérant susciter la discussion et je publie bien volontiers les « réponses », même si elles mettent en cause ce que j’écris. Cela ne me pose aucun problème, au contraire. Je n’ai pas la science infuse, je ne suis même pas titulaire d’une thèse, mais quand les « savants » manquent de rigueur ou de sérieux, ça me fait bondir. Finalement, ça met un peu de sel dans le train train de la recherche, non ?

Evidemment, ça a parfois du mal à passer et je n’ai pas que des amis dans ce milieu, mais les « ennemis », c’est bien aussi ! Je regrette surtout qu’ils aient tendance à refuser la discussion publique… De toute façon, l’histoire de l’art ou l’histoire, comme toutes les sciences, c’est aussi affaire de subjectivité. C’est une richesse d’ailleurs que nous n’ayons pas la même manière d’apprécier l’œuvre de Jossot ou Daumier, ou encore en ce qui concerne la manière dont on s’intéresse à la caricature. Lorsque je râle contre ce que je désigne par le terme d’analyses « iconologico-thématiques » c’est pour regretter que l’on se limite trop souvent à thématiser des corpus d’images (limités en nombres d’ailleurs), sans poser les vraies questions sur la dynamique de la caricature.

C’est quoi, cette dynamique ?

En 2012, j’ai publié chez Flammarion un bouquin qui n’a pas bien marché sur les présidents de la République à travers la caricature, co-écrit par Didier Porte (Présidents, poils aux dents !). Je me suis donc intéressé au criblage caricatural des 23 présidents, de Louis-Napoléon à Sarkozy. Dans mon livre, je me bornais à rappeler à gros traits la carrière politique et quelques aspects du traitement caricatural de chacun. Une fois le livre publié, je me suis essayé à une synthèse, qui n’avait pas sa place dans le bouquin, une synthèse qui permettrait de cerner la dynamique de l’ensemble, les « lois » générales qui préludent au traitement caricatural. Quand on s’intéresse à un personnage en particulier, sur une période restreinte, il est difficile de tirer des généralités. Là, je pouvais comparer le traitement caricatural de 23 personnages qui avaient occupé la même fonction, dans des conditions politiques et médiatiques certes évolutives, mais justement, une même fonction dans un même régime politique. Avec donc une permanence. J’en suis venu à définir la notion de carrière caricaturale et d’identité caricaturale, afin de bien montrer dans quelles conditions une personnalité politique est « prise » dans le jeu de la caricature, entre dans la sphère médiatique satirique après être entrée dans la sphère médiatique classique, comment sa place dans cette sphère évolue, comment elle en sort également, et comment, pendant cette période de criblage plus ou moins intense, l’identité satirique se définit, se cristallise ou au contraire évolue, se modifie. Selon quelles forces, quelles règles, quelques mécanismes.

J’ai présenté ces premières réflexions à St Just Le Martel lors de la première journée d’étude que j’y ai organisée en octobre 2012. Ma contribution a été publiée dans le numéro 36 de la revue Société et représentations. C’est finalement la « mécanique » caricaturale qui me semble intéressante et pas seulement la typologie des caricatures.

Quel regard portez-vous sur la recherche actuelle ?

En fait de recherche, je disais que l’âge d’or était derrière nous : depuis les années 1980-90, Michel Melot, Christian Delporte, Annie Duprat, Antoine de Baecque, Bertrand Tillier, Raymond Bachollet (décédé) et Bruno de Perthuis notamment, ont beaucoup publié sur le sujet, mais c'est du passé. Quant à la nouvelle génération, les « jeunes » docteurs en histoire ou en histoire de l’art qui sont pour certains très brillants ne trouvent pas de postes. Plutôt que de faire de la recherche et de publier, ils enseignent dans le secondaire, galèrent pour trouver un emploi, s’orientent vers le métier de bibliothécaire et consacrent moins ou plus du tout de temps à la recherche (Laurent Bihl reste le plus actif, mais je pense aussi à Fabrice Erre, Michela Lo Feudo ou encore Henri Viltard). La nouvelle génération n’a pas les moyens de reprendre le flambeau laissé à terre par la précédente, ce qui est regrettable. Alors évidemment, certains chercheurs continuent de s’intéresser au sujet (Pascal Dupuy bien sûr, mais également Martial Guédron et Laurent Baridon par exemple), mais la dynamique des années 80-2000 est perdue. Pas sûr qu’elle soit de nouveau à l'ordre du jour !

Heureusement, des expositions sur la caricature et son histoire continuent d’avoir lieu dans des Musées, notamment en province ou à l’étranger, avec des catalogues souvent passionnants. En ce qui concerne la France, on m’objectera les activités de l’Eiris ou celles de la BNF, les deux étant liées depuis quelques années. Mais justement, l’Eiris ne remplit pas à mon sens ce rôle de laboratoire et sa publication annuelle est souvent décevante. C’est d’ailleurs une conséquence de la faiblesse générale de la recherche. Quand l’Eiris se propose d’explorer un sujet, elle peine à trouver des auteurs, et surtout des auteurs compétents. C’est aussi mon cas lorsque je cherche à organiser une journée d’études : pas si simple de réunir des contributeurs volontaires qui de surcroit produisent des analyses disons nouvelles ou pertinentes. C’est que pour maîtriser un sujet et produire du neuf sur une question, il faut beaucoup de temps, il faut se plonger dans les archives ou dans les journaux, et surtout explorer de vastes corpus, pouvoir opérer des comparaisons.

Je me suis intéressé récemment aux caricatures publiées par Le Pèlerin des années 1880 à 1914. En comparant la rhétorique de ces images, on décèle ce qui est commun avec le reste de la presse satirique droitière antirépublicaine de l’époque, mais également ce qui fait l’originalité de la caricature d’obédience catholique, qu’on ne retrouve ni chez les royalistes, ni chez les antisémites ou les antimaçonniques : à savoir le recours systématiques à deux figures antithétiques, celle du diable et celle de Jésus. Pour faire cette comparaison, il ne faut pas se limiter aux caricatures d’un dessinateur, ou d’un journal, il faut regarder d’autres titres et on finit bien sûr par surnager dans les images. Pour ma part, j’utilise une base de données qui comprend 80 000 images (base développée par mon ami Alban Poirier et nourrie des clichés réalisés en bibliothèques de conservations lorsque c’est autorisé, ou chez des collectionneurs sans lesquels je serais très handicapé : Jacky Houdré, Daniel Dugne, Paul Prun, Jean-Loup Salètes notamment). Une base relationnelle qui permet de croiser des séries d’images selon des critères très variés, mode opératoire inimaginable lorsqu’on travaille avec des photocopies ou des dossiers d’images.

En fait, ce qui me chagrine chez ceux qui se focalisent sur l’analyse typologique, c’est qu’ils s’intéressent trop peu aux conditions de production de ces images, qui expliquent pourtant le contenu du message mais aussi la forme que prend le message. On se focalise sur le message en soi, que l’on décrypte d’un point de vue historique (on « contextualise » comme on dit, c'est-à-dire qu’on s’ingénie à donner le sens littéral de l’image mais sans pouvoir dire pourquoi on a représenté les choses de telle ou telle manière), mais finalement sans comprendre la rhétorique visuelle en jeu.

Les chercheurs ont en général beaucoup travaillé jusqu’à la soutenance de leur thèse. Ensuite, ils recyclent cette intense période de recherche en publiant l’ensemble en petit morceaux, et ils ont bien raison ! Mais une fois dans leur fauteuil d’enseignants, ils ont d’autres responsabilités et moins de temps pour la recherche pure.

De toute façon, la caricature ne passionne toujours pas vraiment les historiens et les historiens de l’art. Je suis stupéfait de voir que le Crid 14-18 qui s’intéresse à la Grande guerre et dont j’admire le travail, n’a pas produit une ligne sur la caricature et le dessin de presse depuis sa fondation en 2005…

Et le dessin de presse actuel, ça vous intéresse ?

Bien sûr que ça m’intéresse, je suis d’ailleurs souvent questionné sur le sujet par des journalistes ou des étudiants journalistes, ou lorsque l’on me demande d’organiser ou de participer à une table ronde. Même si Caricatures&caricature ne publie pas autant d’infos sur le dessin de presse contemporain que François Forcadell sur son blog «Fait d’images» (qui concerne en fait l’image dessinée dans son ensemble), je réalise souvent des interviews de dessinateurs en activité, je leur donne la parole quoi ! C’est en fait très intéressé de ma part, puisque ces interviews me permettent d’avancer dans ma réflexion, de mieux connaître cet univers auquel je suis par nature étranger, puisque je ne travaille pas dans la presse.

Je souhaite aller plus loin dans cette valorisation du dessin de presse actuel et de ses acteurs, en mettant en ligne des interviews filmées. Mais c’est techniquement un peu compliqué. J’ai récemment interviewé face caméra les dessinateurs Cardon (du Canard Enchaîné) et Kianoush Ramezani, ainsi que la dessinatrice d’extrême droite Chard, mais pour l’instant la mise en ligne reste hypothétique.

Cela demande quelques moyens et une technicité que je ne maitrise pas tout à fait.

Les documentaires, les films ou les livres qui donnent la parole à des dessinateurs sont en général très intéressants et je participe modestement avec C&C à une meilleure connaissance de la question.

Cela étant, le dessin de presse actuel m’ennuie un peu. En fait, ce qui me passionne, c’est la caricature politique et il faut souligner que depuis son origine à l’époque de la Réforme, la tonalité a bien changé. On est loin de l’âge d’or des polémiques politiques et sociales. L’atonie actuelle et bien sûr les évolutions culturelles en matière de consommation des images et du rire, ont rendu le dessin de presse moins percutant, plus léger. Je reste fasciné par la caricature du XIXe siècle, ou même des années 1930, nettement plus innovante que ce qui se fait de nos jours. Je pense à Sennep par exemple.

Des projets ?

Mon prochain livre, une biographie en images de Jean Jaurès, sortira en octobre 2014 chez Hugo et cie ; j’ai deux expositions (entre autres) qui circulent régulièrement, une sur « Jaurès à travers la caricature » et une autre tirée de mon livre sur les cartes postales. Plusieurs dates sont programmées. Je prépare pour le prochain Salon de St Just le Martel un exposition sur le dessinateur Alfred Le Petit. J’ai aussi quelques conférences de prévues, des tables rondes et une journée d’études que j’organise à St Just le Martel (Centre Permanent du dessin de presse et d’humour) au mois d’octobre, des articles pour des catalogues d’exposition. Voilà les projets fermes. Pour le reste, des envies, des idées de livres, d’expositions, de colloques, mais qui nécessiteraient le soutien d’éditeurs pour les livres et d’institutions pour le reste…

Propos recueillis par Guillaume Doizy, juin 2014

La caricature et l'europe : appel à contribution

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La caricature et l'europe : appel à contribution

Appel à contribution pour le numéro 7 des Cahiers Daumier : numéro spécial sur la caricature et l'Europe.

La thématique choisie devra impérativement porter sur la période contemporaine, des années 70 à nos jours. Elle pourra traiter notamment des problèmes de censure, de la diffusion européenne des journaux, des relations bilatérales, etc.

La date limite d'envoi des textes est fixée au 1er septembre 2014.

Les propositions d'articles sont à envoyer à sophiepauliac@gmail.com

Exposition Willette, du 15 juin au 28 septembre 2014 à Lisle Adam (Val d'Oise)

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Exposition Willette, du 15 juin au 28 septembre 2014 à Lisle Adam (Val d'Oise)

Présentation des organisateurs :

Le musée d'Art et d'Histoire Louis-Senlecq de L'Isle-Adam (Val-d'Oise) organise, avec le musée Félicien Rops de Namur (Belgique), la première exposition rétrospective de l'oeuvre d'Adolphe Willette (1857-1926). L'intérêt commun des deux institutions pour l'histoire du dessin de presse et pour le talent des artistes graveurs et lithographes de la seconde partie du XIXe siècle, amène à redécouvrir la carrière de cet artiste.


Personnage singulier et emblématique de la bohème de Montmartre à la fin du XIXe siècle, il contribua à en immortaliser le mythe, y associant pour toujours son double artistique, Pierrot. Dessinateur de presse prolixe et renommé, Willette fut aussi décorateur, peintre et affichiste. Il mena une carrière artistique teintée d'irrévérence et de prises de position politique virulentes.


L'approche scientifique des commissaires de l'exposition et des auteurs de l'important catalogue qui l'accompagne, permet de décrire, avec objectivité, la complexité de Willette dont les engagements sont mis en perspective avec la vie politique et les transformations de la société de l'époque.


Organisée de façon thématique, l'exposition se compose de quatre sections, explorant la diversité de la production de l'artiste. 250 oeuvres (peintures et dessins originaux, affiches, photographies, périodiques) seront révélées au public, pour la première fois, grâce aux prêts d'institutions publiques (Paris : Bibliothèque nationale de France, musée des Arts Décoratifs, musée Carnavalet, musée de Montmartre, Bibliothèque Forney, Mobilier national ; Genève : musée du Petit Palais) et de nombreux collectionneurs privés.

Visites et conférences par les commissaires de l’exposition (sur réservation)
Samedi 28 juin à 15h
Conférence «Willette, maître de l’affiche fin de siècle »
par Nicholas Zmelty, docteur en histoire de l’art contemporain
Dimanche 29 juin à 15h
Visite guidée par Nicolas Zmelty, docteur en histoire de l’art contemporain
Samedi 13 septembre à 15h
Conférence «Willette et son temps
» par Laurent Bihl, docteur en histoire contemporaine
Dimanche 14 septembre à 15h
Visite guidée par Laurent Bihl, docteur en histoire contemporaine

Mehmet Düzenli emprisonné pour “insulte” (Communiqué de Reporters sans frontières)

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Mehmet Düzenli emprisonné pour “insulte” (Communiqué de Reporters sans frontières)

Le caricaturiste Mehmet Düzenli, condamné à trois mois d’emprisonnement pour “insulte”, a été incarcéré, le 12 juin 2014, à la prison d’Alanya (sud du pays). La peine a été prononcée le 10 avril par un tribunal de Serik, dans la même région, à l’issue d’un procès intenté au caricaturiste par le prédicateur controversé Adnan Oktar. Cette célèbre figure du mouvement créationniste, également connue pour ses positions négationnistes, antisionistes et antimaçonniques, n’avait pas apprécié un dessin de Mehmet Düzenli dont il faisait l’objet.

Le caricaturiste s’est refusé à faire appel de sa condamnation, invoquant la liberté d’expression et expliquant qu’un sursis ne lui permettrait pas de dessiner librement. “Si Monsieur Oktar a le droit de prétendre qu’il est le Mahdi [le sauveur censé apparaître à la fin des temps], j’ai moi aussi le droit de dire qu’il ment’’, a-t-il déclaré.

“Il est inadmissible que Mehmet Düzenli aille en prison pour un dessin, déclare Johann Bihr, responsable du bureau Europe de l’Est et Asie centrale de Reporters sans frontières. La disproportion de cette peine rappelle que le code pénal turc n’est toujours pas conforme à la Constitution et aux conventions internationales en matière de liberté de l’information. Les autorités turques doivent de toute urgence entreprendre les réformes nécessaires, parmi lesquelles la dépénalisation de la diffamation et de l’insulte.”

La Turquie occupe la 154e place sur 180 dans le classement mondial 2014 de la liberté de la presse établi par Reporters sans frontières.


Brouillon Kub, les artistes cubistes et la caricature 1911-1918 : le catalogue

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Brouillon Kub, les artistes cubistes et la caricature 1911-1918 : le catalogue

On lira avec intérêt ce catalogue édité à l’occasion d’une exposition présentée par le Musée d’Art Moderne (également d’art contemporain et d’art brut) de Villeneuve d’Ascq. La soixantaine de pages permet de découvrir une foultitude de dessins visant le mouvement cubiste parus dans la presse satirique (Le Rire, La Vie Parisienne, Le Journal amusant, La Baïonnette, etc.). On doit la première contribution, très convaincante, à la commissaire Jeanne-Bathilde Lacourt : l’auteure analyse par le menu le criblage caricatural visant les cubistes de 1911, date des premiers dessins, à 1918, la caricature anticubiste trouvant à se renouveler pendant la guerre. Jeanne-Bathilde Lacourt remarque combien la caricature peut se montrer réactionnaire, hostile aux novateurs qui bousculent les règles de la représentation. Elle détaille comment l’antagonisme guerrier qui éclate en août 1914 favorise un nouveau mode de rejet du cubisme, fondé sur la haine de l’étranger, la bonne morale patriotique s’identifiant dorénavant au classicisme. Le catalogue attire l’attention sur les œillères des dessinateurs qui finalement semblent avoir peu compris les enjeux esthétiques du cubisme, réduisant leur charge à des poncifs souvent éloignés des questions plastiques soulevées par Picasso et Braque.

Les amateurs de presse satirique ne s’étonneront pas de lire que Lucien Métivet a été le fer de lance de cette croisade anticubiste. Ils découvriront également le travail d’un dessinateur actif pendant la guerre et totalement méconnu aujourd’hui, dont la BDIC conserve un nombre important de dessins originaux. Il s’agit d’un certain Leka qui choisit de « kubister » systématiquement l’adversaire allemand. La série aurait pu être publiée par les éditions « La Guerre, III Avenue Victor Hugo », un projet sans doute inabouti.

La seconde et dernière contribution, cette fois de Nicolas Surlapierre, nous a semblé moins convaincante. Il s’agit d’une digression autour des notions de « brouillon » et de « bouillon », visant à justifier le titre de l’exposition et à évoquer les passerelles entre le cubisme, son temps et la caricature. On aurait préféré une étude comparative avec la caricature anti réaliste et son pendant anti impressionniste, très dynamiques dans les décennies précédant l’avènement du cubisme. L’étude aurait sans doute donné des pistes pour comprendre pourquoi les dessinateurs avaient réussi à personnifier leurs charges contre le réalisme au travers de la figure de Courbet et contre l’impressionnisme avec Monet notamment, sans parvenir à le faire contre les cubistes, privilégiant systématiquement une approche générique.

On prolongera l’exposition et le catalogue en poursuivant la traque des dessins anticubistes. Le dépouillement des cartes postales ainsi que des journaux quotidiens n’ayant pas été réalisé, quelques perles sont encore à trouver, que nous publierons ci-dessous si l’occasion nous en est donnée.

GD, 17 juin 2014

Dessin de Willette, Le Journal, 3 mai 1915

Dessin de Willette, Le Journal, 3 mai 1915

Des dessins de presse de Claude Ferran au musée Raymond-Lafage

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Des dessins de presse de Claude Ferran au musée Raymond-Lafage

Lu sur le site de la Dépêche.fr :

La prochaine exposition de dessins de presse au musée Raymond-Lafage aura lieu du 28 juin au 31 octobre. L'invité pour cette nouvelle saison est Claude Ferran. Plus connu pour ses interventions au micro, Claude Ferran a alterné dessins de presse et animations radio ; correspondant de Radio Andorre à Albi pendant 10 ans, il entre à RMC en 1998 avant d'animer une quotidienne sur 100 % depuis 2008. En 1965, à 17 ans, ses premiers dessins paraissent dans la presse locale et nationale. Dans les années 60-70, tous les dimanches, la dernière page de La Dépêche Magazine est consacrée à ses dessins humoristiques. Puis Midi Libre, Le Dauphiné Libéré, Ouest France, Sud-Ouest le publient. Arrivent alors les débuts avec le fameux «Almanach Vermot» en 2001. Il fait son entrée dans l'équipe des 10 dessinateurs de l'Almanach Vermot, la référence en matière de dessins de presse : avant lui, Faizant, Wolinski et d'autres l'ont devancé. Après Wolinski, Cabu et d'autres plumes, c'est une plume tarnaise qui investit le musée.

Le vernissage de l'expo en présence de l'artiste aura lieu samedi 28 juin à 17h30. Une conférence-débat : «Dessiner pour la presse. Des idées au bout du crayon», est organisée le dimanche 29 juin, à 16h30, au musée, suivi d'un dessin en direct.

Wandering through the Smile of the Mind (Milan, Italy)

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Wandering through the Smile of the Mind (Milan, Italy)

Milano, 3-18 luglio 2014

Milan, July 3-18, 2014

Mico Congress Center, Piazzale Carlo Magno, 1, Milan

FENS: Host Society Committee and History of European Neuroscience Committee

Biblioteca Pinacoteca Ambrosiana

Raccolta delle Stampe “Achille Bertarelli”

Biblioteca Nazionale Braidense

Istituto Lombardo

Accademia Scienze e Lettere

The caricature, seen as a representation that arouses satirical or comic effects, carried out an important role in art history, also because of its cultural and scientific significance. It has been studied by neuro-scientists in order to understand the relationship existing between the mind and the comedian, that is, between an exaggerated expression of the body and the perception strengthening some mental capacities, like attention and memory. The caricature appeared during Humanism and was spread over by Italian artists. With the creation of printing, grotesque design, including its messages and scientific ones, became popular: as time passed, a privileged relationship between “caricature and mind” was established. The cultural itinerary proposed is an occasion to expose “artistic treasures” preserved by important city institutions. The itinerary will start at Pinacoteca Ambrosiana with the exposition of some examples of “Leonardesca” school. Materials will be exhibited in Sala Federiciana. In Castello Sforzesco will be shown some examples of prints from 17th and 18th century from Achille Bertarelli’s collection. It documents the birth of a new kind of art and its progressive spread among the public, as well as the original legacy with the treaties on physiognomy. The third itinerary hosted by Biblioteca Braidense, at Palazzo di Brera will show the 18th century scientific approach. Thanks to materials from the Haller Fund, the Franz Joseph Gall phrenological researches will be introduced, which are meant to localize which area of the mind are accountable for such functions. The 19th century material exposed at the Istituto Lombardo Accademia di Scienze e Lettere, illustrates the origin of modern neuroscience. They were known as grotesque graphics: a selection of satirical European texts between 19th and 20th century – from the APICE Center of the University of Milan - will terminate the itinerary by recalling some of the themes, such as the representation of feelings through facial deformation and the association between human and animal features.

31e festival de dessin de presse de Palavas-les-Flots

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31e festival de dessin de presse de Palavas-les-Flots

Voir le site...

Vendredi 27 juin
14h accueil des dessinateurs et inauguration du festival
18h brasucade géante à la rôtisserie palavasienne
20h soirée-projection de dessins sur écran

Samedi 28 juin
10h à 19h exposition de dessins de presse et d’humour caricatures, dédicaces, animations musicales, ateliers pour jeunes et dessinateurs amateurs.
18h inauguration du festival par Christian Jeanjean, Maire de Palavas-les-Flots
Nocturne jusqu’à 23h.

Dimanche 29 juin
10h ouverture de l’exposition
12h remise des prix de L’oursin d’or
14h - 18h30 poursuite des dédicaces

"On pouvait certainement rire de tout, mais pas avec n'importe qui" : entretien avec Caroline Guignard, conservatrice au Musée d'Art et d'Histoire de Genève

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"On pouvait certainement rire de tout, mais pas avec n'importe qui" : entretien avec Caroline Guignard, conservatrice au Musée d'Art et d'Histoire de Genève

Jusqu'au 31 août 2014, le Cabinet d'arts graphiques du Musée d'Art et d'Histoire de Genève (Suisse) présente l'exposition "Satires - Caricatures genevoises et anglaises du XVIIIe siècle". A cette occasion, C&C publie un entretien avec Caroline Guignard, conservatrice à l'origine de l'exposition :

Entretien :

On doit finalement cette exposition au père du célèbre Rodolphe Töpffer ?

Caroline Guignard : En effet, Wolfgang-Adam Töpffer, graveur de formation, avait envisagé une carrière de caricaturiste dans la veine de Hogarth. Il avait sans doute connaissance des œuvres du britannique, la Société des Arts, qui régissait alors l'enseignement artistique à Genève, possédant un portefeuille de ses planches. Töpffer avait également pu les voir lors de sa formation à Paris dans l'atelier de Nicolas Delaunay et à l'Académie. Bien qu'il soit qualifié de "Hogarth de Genève" par un critique de l'époque, les œuvres qu'il présente en 1798 à ses concitoyens sont accueillies avec fraîcheur. Les Genevois n'étaient peut-être pas prêts pour ce type d'images, fortement caractérisées et comprenant de nombreux niveaux de lecture. Pour des motifs essentiellement pécuniaires, l'artiste se tourne alors vers la peinture et le dessin de genre et de paysage pour lesquels il est désormais reconnu. Son esprit satirique s'exercera toujours en privé, par des croquis dont il agrémente les lettres destinées à ses proches, et par une série d'aquarelles aussi féroces que virtuoses dans les années 1814-1820. C'est à ce moment-là que la Cité de Calvin, après avoir été annexée à la France entre 1798 et fin 1813, doit se doter d'une constitution pour être autorisée à rejoindre la Confédération helvétique. Les tenants de l'Ancien régime, pourtant aboli en 1792, reprennent alors de la vigueur et imposent un texte réactionnaire intolérable pour Töpffer. La situation lui inspire une quarantaine de dessins qu'il se gardera toutefois prudemment de montrer hors du cercle de ses connaissances, et dont le public n'apprit l'existence qu'en 1917.

Pourquoi comparer la satire genevoise à sa grande sœur anglaise ? Quelles différences entre la caricature anglaise qui vit son âge d’or au XVIIIe siècle et son pendant genevois, du point de vue du style, du ton et des cibles ?
CG : Notre volonté est d'illustrer un "détail" de l'histoire de l'art genevois bien connu des spécialistes, mais jamais montré sous forme d'exposition. A la fin du XVIIIe siècle, l'Europe entière est influencée par les estampes satiriques anglaises. L'exercice de comparaison pourrait donc être réalisé aussi bien pour Paris, Zurich ou les cités germaniques... Genève n'a rien d'une exception, mais la production satirique locale, qui est certes marginale, est souvent ignorée. Ce qui est dommage, considérant l'acuité des critiques qu'elle formule et la finesse de son exécution.

Quels sont les caricaturistes les plus en vue à Genève à cette époque ?
CG : Si l'on considère les années 1750-1820, soit à peu près la période couverte par notre exposition, seul Jean Huber construit son succès sur des œuvres teintées de caricature. C'est en effet grâce à ses portraits de Voltaire exécutés en découpure, à l'huile, au pastel ou à la plume que ce patricien converti à l'art doit sa renommée dans l'Europe entière. Il montre le philosophe déculotté au saut du lit, frappé par l'apparition du fantôme d'Henri IV, assis dans un fauteuil, une pantoufle négligemment pendue à l'orteil... Des représentations familières, parfois triviales, qui ont contribué à promouvoir l'image de Voltaire. Pour le reste, Genève était alors une petite cité, et la caricature était certainement difficile en raison de la proximité entre les protagonistes. D'où la prudence de Töpffer, qui occupait par ailleurs une position tout à fait respectable au sein des institutions de la ville. Peut-être le souvenir du traitement infligé à Rousseau par ses concitoyens (l'exil forcé suite à la condamnation de "L’Émile" et "Le Contrat social" en 1762) était-il encore trop présent dans les mémoires ? Outre Huber et Töpffer, on connaît d'amusants portrait dans le style de Ghezzi attribués à Louis-Ami Arlaud-Jurine, un miniaturiste dont la carrière se fait en grande partie en Angleterre, et dont nous présentons quelques exemples.

Comme jusqu’à la fin du XIXe siècle, ces dessinateurs sont avant tout des artistes...
CG : Mis à part Jean Huber, les artistes que nous présentons sont avant tout reconnus pour leur travail "sérieux": Töpffer pour ses peintures, aquarelles et lavis, Louis-Ami Arlaud-Jurine pour ses miniatures.

Quels intérêts sert la caricature politique à Genève ? Tous les camps s’en saisissent ?
CG : Dans ces années-là, ce sont plutôt des émanations d'esprits que l'on dirait aujourd'hui "de gauche"... Töpffer est engagé politiquement du côté des "libéraux", qui défendent notamment les intérêts des artisans. Ceux-ci contribuent en effet très largement à la prospérité de la Cité, mais n'ont pas les droits accordés aux grandes familles patriciennes ou aux membres du clergé protestant.

Si certains érudits s'intéressent à ces caricatures à l’époque, ces images circulent-elles au sein des couches populaires de la société ? Sont-elles vendues dans des échoppes comme en Angleterre ?
CG : Le seul exemple véritablement comparable aux productions anglaises est une série d'estampes de W.-A. Töpffer éditée en 1817, et diffusée par son éditeur Wessel. Elles se situent dans la veine des "Cries of London" de Rowlandson ou des "Cris de Paris" de Vernet. Et comme pour ces œuvres, on en ignore le tirage, puisque l'éditeur possède les plaques, et peut donc tirer "à la demande" si un sujet a du succès. Töpffer représente la devanture de Wessel dans une de ses estampes, très proche de certaines feuilles anglaises : on y voit des représentants de toutes les couches de la population regarder les dernières nouveautés, sous l’œil las du vendeur, résigné à ce ce que son éventaire fournisse gratuitement un divertissement à ce public bigarré... Cependant, il semble que ses estampes ont plutôt été acquises par des amateurs "de bonnes familles" (car on en trouve chez leurs descendants aujourd'hui encore...) bien plus que par le petit peuple.

Les autorités semblent tolérer certaines de ces images… On peut rire de tout à cette époque ?
CG : En Grande-Bretagne, la censure est très tolérante. A Genève, il apparaît que les artistes restent très prudents, puisque seuls des sujets en apparence peu subversifs seront diffusés. Dans ses caricatures religieuses, Töpffer prouve qu'il était possible de rire de tout (n'oublions pas que nous sommes dans la Cité de Calvin, et que les autorités religieuses y ont un poids considérable), mais il garde ces feuilles pour son entourage. On pouvait certainement rire de tout, mais pas avec n'importe qui.

La présence en Suisse de dessinateurs de presse dont le talent est largement reconnu aujourd’hui, favorise cette redécouverte par le public actuel de caricatures du XVIIIe siècle ?
CG : Le sujet est assez "à la mode", considérant les colloques et expositions qui ont eu lieu à travers l'Europe ces cinq dernières années. J'imagine que les problèmes rencontrés par les caricaturistes de presse contemporains ont inconsciemment stimulé la recherche autour de cette thématique, en Suisse comme ailleurs. Toutefois, la Suisse connaît depuis longtemps des journaux, des émissions de radio et de télévision satiriques. Il existe une tradition carnavalesque ancienne, notamment dans les cantons catholiques, qui donne lieu à un renversement des pouvoirs et des valeurs le temps de la fête. Outre cet exutoire traditionnel, la "revue" est un genre de cabaret satirique encore bien pratiqué dans les campagnes comme dans les villes ; ces spectacles, souvent joués en fin d'année, rappellent les moments importants de l'année écoulée sur un mode comique, fustigeant les personnages ayant joué un rôle dans les événements politiques ou sociaux. On caricature volontiers les figures influentes, mais le ton reste assez "bonhomme". Il me semble qu'à l'exception de quelques politiciens de la droite dure et populiste, le traitement réservé aux cibles des satiristes reflète bien la réalité du système helvétique. Dans un pays de villes relativement petites, dont la politique est basée sur un système de milice et une démocratie directe, dont les fonctions dirigeantes n'ont que peu d'avantages et de prestige, les autorités sont proches de la population et restent très accessibles. On est donc naturellement moins féroce à l'égard de son voisin que d'un puissant surprotégé, et donc objet de fantasme. J'aimerais beaucoup faire mentir les clichés, mais il me semble que, si la liberté d'expression est une valeur importante en Suisse, une forme d'autocensure est pratiquée afin de rester dans les limites du consensus et de l'acceptable.

Propos recueillis par Guillaume Doizy, juin 2014

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